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Le Musée virtuel de la révolution haïtienne lance officiellement son système d’information ce jeudi 20 novembre 2025

NOTE D’INFORMATION Le Musée virtuel de la révolution haïtienne (MVRH) a le plaisir de vous informer du lancement officiel de son système d’information. Le système d’information est une plateforme relationnelle composée d’un site web et d’une base de données. Il met en valeur, protège et transmet le patrimoine culturel haïtien. Il favorise la diffusion de connaissances et la collaboration entre les organismes publics, les universités, les chercheurs, les organisations dédiées à la protection du patrimoine et le public. De cette manière, il renforce les partenariats existants et inspire la réalisation d’initiatives et de projets conjoints au service de la mémoire collective. Le Musée virtuel de la révolution haïtienne est un organisme sans but lucratif. Notre ambition est de rendre accessible au public une information exhaustive sur la riche tradition d’interprétation et de représentation de la Révolution haïtienne. Cette tradition remonte à l’époque même de la Révolution (1791-1820). Nous proposons des ressources provenant de différents groupes de recherche, de centres de documentation, d’archives, d’universités, d’artistes et de producteurs. Vous découvrirez une gamme de ressources sur la révolution haïtienne, incluant des ouvrages scientifiques et de fiction, des articles, des expositions, des jeux vidéo, des films, des bases de données, des documents d’archives historiques, des thèses et des mémoires. En collaboration avec la Smithsonian Institution et l’Alliance pour la protection du patrimoine culturel (ALIPH), nous travaillons avec une équipe d’experts en technologie de l’information pour créer une base de données accessible à plusieurs catégories d’utilisateurs (touristes, étudiants, chercheurs, artistes, spécialistes du patrimoine et visiteurs occasionnels). Cette équipe a élaboré l’infrastructure technologique en adaptant la plateforme ARCHES, développée par le Getty Conservation Institute. Le MVRH et ses partenaires ajouteront ensuite progressivement des contenus et des fonctionnalités additionnelles. Nous avons conclu des accords avec le Centre International de Documentation et d’Information Haïtienne, Caribéenne et Afro-canadienne (CIDIHCA) et le ministère de la Culture et de la Communication d’Haïti. Grâce à ces protocoles conclus après des discussions avec les responsables des Archives nationales d’Haïti (ANH), du Bureau national d’ethnologie (BNE) et de l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (ISPAN), ces institutions du ministère deviennent des partenaires de ce projet. Nous travaillons aussi avec d’autres institutions privées, comme des bibliothèques, des universités, des chaires de recherche, des associations et des centres de documentation, afin d’enrichir la base de données. Le ministre de la Culture et de la Communication, Patrick Delatour, a souligné que de nombreux inventaires avaient été effectués depuis 1970, ce qui a considérablement amélioré la préservation et la valorisation du patrimoine culturel haïtien. Il est désormais possible de mieux structurer ces connaissances et de les utiliser pour une gestion plus efficace des défis et des opportunités actuels. Le système d’information du MVRH fournit la preuve que les musées virtuels ne se limitent pas à une plateforme numérique offrant une visualisation en trois dimensions d’objets grâce à l’interaction et à l’immersion. Un musée virtuel est un système de représentation des mondes potentiels imaginés par une communauté humaine. L’objectif d’un musée virtuel consacré à une révolution n’est pas de mettre en évidence les atrocités de la violence et les insurrections qui peuvent être associées à une période révolutionnaire. Ce n’est pas la violence ni l’insurrection qui définissent une révolution. D’une part, il y a des violences insurrectionnelles sans révolutions dans les actions des gangs terroristes. D’autre part, certaines révolutions se dissocient de la violence. On peut citer la Révolution tranquille au Québec, la révolution copernicienne dans les sciences, ou encore la révolution artistique contemporaine. Selon les récentes recherches anthropologiques, une révolution est un processus cosmogonique visant à forger un nouveau monde, de nouveaux temps et de nouveaux sujets sociaux. Il s’agit d’un ensemble complexe d’évènements réalisés par un groupe social sous la direction de leaders exceptionnels et charismatiques. Les révolutions sont des phénomènes de rupture qui aboutissent à des transformations collectives et individuelles en remettant en question les discours dominants. Comme processus cosmogoniques, les révolutions permettent l’émergence de nombreuses visions sur les origines et les finalités du temps historiquement vécu, en imaginant l’avènement d’un monde nouveau et différent dans tous ses aspects. Dans le cas de la Révolution haïtienne, une constellation d’utopies a surgi sous la forme de mondes potentiels imaginés. Elles ont émergé au cœur d’un ensemble de contradictions sociales et économiques, de conflits armés et d’intrigues politiques visant la division des acteurs. Les diverses formes de luttes fratricides pour le pouvoir qui en résultent ont empêché l’actualisation de ces mondes potentiels. François Makandal envisageait l’émergence d’un monde où des paquets mystiques, des incantations et des potions pourraient guérir les plaies et les maladies perçues comme des maléfices liés au système esclavagiste. Toussaint Louverture avait imaginé un monde où la fraternité et l’amitié entre personnes de diverses origines ethniques engendrent la prospérité et la splendeur dans une société où la main-d’œuvre est libérée de l’esclavage. « Ne formez plus entre vous qu’un peuple de frères, une seule famille… Prouvez-leur qu’un sol cultivé par des mains libres peut aussi bien fructifier que celui qui est cultivé par des esclaves » proclamait Toussaint. Jean-Jacques Dessalines avait rêvé d’un monde où le courage, la justice, l’intégrité, la loyauté, la fraternité, les célébrations, les danses festives et la liberté religieuse s’affirment comme des expressions culturelles d’un peuple qui a osé être libre. « Nous avons osé être libres, osons l’être par nous-mêmes et pour nous-mêmes », disait-il. Henry Christophe envisageait la construction d’un monde jalonné de « superbes monuments » architecturaux où l’économie, l’instruction publique, l’ordre, la discipline, les sciences et les beaux-arts prospéreraient. Alexandre Pétion, quant à lui, envisageait un monde où la tolérance et une répartition plus équitable des richesses matérielles favoriseraient la paix sociale. Le système d’information du Musée virtuel de la Révolution haïtienne a été conçu pour contribuer à une meilleure représentation des mondes potentiels imaginés par ces Afrodescendants, notamment entre 1750 et 1820. Il permettra d’explorer la manière dont ces mondes alternatifs sont représentés dans la culture visuelle haïtienne contemporaine à travers les rituels du vodou, l’architecture, les arts culinaires, la peinture, la sculpture, le cinéma, les jeux et la littérature. Le système d’information du MVRH aura quatre fonctions principales : 1. Faciliter l’intégration systématique des informations sur la révolution haïtienne dans les programmes d’enseignement, en histoire, en géographie, en arts et en sciences humaines. 2. Fournir des données exhaustives et actualisées sur l’état de conservation du patrimoine culturel haïtien pour des expositions muséales et des projets de conservation. 3. Faciliter la gestion des risques de détérioration et de destruction du patrimoine culturel en situation d’urgence en Haïti en fournissant des données fiables pour contacter les parties prenantes et coordonner les efforts de sauvetage et de préservation. 4. Renforcer la collaboration entre les réseaux de recherche, les universités, les créateurs, les institutions culturelles publiques et les communautés d’origine haïtienne à travers le monde. Le système d’information du Musée virtuel de la révolution haïtienne est lancé comme un projet inachevé. Cet inachèvement stratégique nous permet d’offrir des occasions d’interactions créatives pour mieux accueillir vos contributions. Écrivez-nous à info@haitirevolution.org Nous invitons des scientifiques, des chercheurs et des artistes de tous ces domaines à nous envoyer des extraits de leurs créations pour diffusion. Nous profitons de ce lancement pour remercier des spécialistes comme Marlene L. Daut et Sudhir Hazareesingh, entre autres, qui ont déjà contribué au système d’information. Montréal, le 20 novembre 2025 Olsen Jean-Julien, PhD Directeur Exécutif Musée Virtuel de la Révolution Haïtienne olsen.jean.julien@umontreal.ca olsen2jj@gmail.com

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Remise du Prix Albert Mangonès 2025 à Daniel Élie et à Eddy Lubin

Remise du Prix Albert Mangonès 2025 à Daniel Élie et à Eddy Lubin COMMUNIQUÉ DE PRESSE Le Ministère de la Culture et de la Communication, l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN), la Chaire UNESCO en histoire et patrimoine de l’Université d’État d’Haïti (CUHP-UEH), l’Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti (IERAH) et le Musée Virtuel de la Révolution Haïtienne (MVRH) ont collaboré au lancement du Prix Albert Mangonès en 2024. Ce prix a été établi en hommage à l’architecte et sculpteur Albert Mangonès pour mettre en lumière les efforts d’une personne ou d’une organisation en faveur de la conservation des bâtiments, des lieux ou des objets liés à la Révolution haïtienne. Il met ainsi en évidence l’importance des contributions individuelles et institutionnelles dans la préservation de l’héritage collectif haïtien. Le Prix Albert Mangonès comprend une plaque honorifique ainsi qu’une collection d’œuvres de recherche-création, qui peuvent être des livres, des peintures, des sculptures, des films documentaires, des jeux vidéo ou encore de la musique représentant le patrimoine culturel hérité de la Révolution haïtienne. Pour sa seconde édition en 2025, il sera décerné à Eddy Lubin et à Daniel Élie. Bernard Pierre Eddy Lubin est né le 18 février 1955. Il a une expertise en héritage culturel, ayant été formé comme technicien en archéologie. De 1978 à 1990, dans le cadre de l’ISPAN, il a acquis une vaste expérience en archéologie, travaillant sur les sites de Puerto Real à Limonade et du complexe Sans Souci à Milot. Ses nombreuses publications témoignent de son intérêt profond pour l’évolution du système défensif et des sites emblématiques de la lutte pour l’indépendance haïtienne. En collaboration avec plusieurs autres spécialistes, il a élaboré des suggestions pour préserver et mettre en valeur l’armement de la Citadelle, les pétroglyphes de Cerca Carvajal, le site de Bois Caïman, ainsi que les centres historiques de Milot et de Fort Liberté. Ses travaux reflètent son constant souci pour les défis environnementaux, économiques, culturels et sociaux auxquels font face les générations actuelles et futures. Ministre de la Culture et de la Communication (2007-2008), il s’est distingué par son effort d’élaboration d’un document de politique culturelle et par son intérêt pour l’éducation culturelle et les lakous du vodou. Très généreux et toujours disponible pour la vulgarisation de connaissances, il réalise régulièrement des conférences dans les écoles, des tours éducatifs et des vidéos didactiques sur les édifices historiques et sites archéologiques. Jean Gabriel Daniel Élie est né le 11 janvier en 1954. Il a fait des études en génie-architecture à l’Université d’État d’Haïti, puis s’est spécialisé en conservation architecturale au Centre international pour la conservation des biens culturels (ICCROM) à Rome en Italie. De 1988 à 1996, dans le cadre de l’ISPAN, il a acquis une riche expérience dans des projets d’aménagement de centres-villes et d’édifices historiques. Il a entre autres travaillé sur la ville du Cap-Haïtien et l’Ancienne Cathédrale de Port-au-Prince. De 1997 à 1999, en tant qu’architecte au Bureau de la présidence, il a réalisé une série de projets de rénovation de places d’armes dans les villes de Jacmel, de Gonaïves et de Port-au-Prince. Il a donc contribué à la réhabilitation des sites commémoratifs dédiés à Jean-Jacques Dessalines, à Henry Christophe et à Toussaint Louverture. Il a été ministre de la Culture et de la Communication de 2006 à 2007 et directeur général de l’ISPAN de 2007 à 2011. Il s’est particulièrement distingué par la vulgarisation de connaissances sur le patrimoine culturel haïtien. Il a créé le Bulletin de l’ISPAN et supervisé la publication de 35 numéros, diffusant ainsi des informations de qualité sur les biens immobiliers ayant une valeur culturelle et historique de toutes les régions d’Haïti. Cette publication constitue une précieuse source d’information pour promouvoir, protéger et mettre en valeur le patrimoine culturel. Ces spécialistes sont donc dépositaires d’une part importante de l’héritage et de la mémoire du peuple haïtien. Ils ont consacré plus de quatre décennies de leur existence à la préservation des monuments et sites associés à la révolution haïtienne. Leurs connaissances et compétences contribuent à une compréhension plus profonde de notre identité collective. Les sites qu’ils ont contribué à préserver sont parmi les plus emblématiques du pays. Le Parc National Historique Citadelle, Sans-Souci, Ramiers figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Selon Albert Mangonès, ces sites sont des symboles de notre indépendance nationale et sont consacrés à la liberté de notre peuple. Nous recommandons les récipiendaires du prix Albert Mangonès au président de la République pour l’Ordre National Honneur et Mérite. Port-au-Prince, le 18 novembre 2025 Pour authentification Olsen JEAN-JULIEN, PhD Directeur Exécutif Musée virtuel de la Révolution haïtienne (MVRH)

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Discours de réception du Prix Albert Mangonès - Daniel Élie

DISCOURS DE RECIPIENDAIRE DU PRIX ALBERT MANGONES Daniel Elie 18 novembre 2025 Monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication, M. Patrick Delatour Monsieur le Directeur Général de l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) Monsieur le Doyen de l’Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti (ERAH) Monsieur le Titulaire de la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l’ UEH Monsieur le Président du Musée Virtuel de la Révolution Haïtienne (MVRH), Madame la Présidente du Comité d’Organisation du Prix Albert Mangones, Mesdames, Messieurs les membres du Jury, Chers collègues, chers amis, Mesdames, Messieurs, Je reçois aujourd’hui le Prix Albert Mangonès avec une profonde émotion, mais aussi avec un sentiment de continuité. Ce prix porte le nom d’un homme qui a marqué ma trajectoire, et il reconnaît une cause à laquelle j’ai voulu consacrer ma vie : la préservation d’édifices et de sites historiques d’Haïti. Je voudrais, avant toute chose, vous remercier très chaleureusement. Je voudrais également saluer un compagnon de route, l’architecte du patrimoine Patrick Delatour. Nos itinéraires ont souvent été parallèles, parfois éloignés, parfois convergents, mais toujours guidés par la même obstination : faire en sorte que le patrimoine haïtien ne soit pas uniquement une matière à nostalgie, mais une ressource vivante, transmise aux générations futures. ••• Pour comprendre aujourd’hui, il faut revenir à 1978. Cette année-là, je soutenais ma thèse de sortie, Jacmel 78, rédigée en collaboration et consacrée à la mise en valeur du centre historique de Jacmel, sous la direction de notre directeur de thèse l’Architecte Leslie Voltaire. Dans la salle, il y avait Albert Mangonès. Je ne savais pas encore que sa présence serait déterminante. Le lendemain, je me retrouvais à l’Avenue Marie-Jeanne, à l’Office National du Tourisme et des Relations publiques, affecté à l’Inventaire des Ressources Touristiques, sous la direction de Leslie Voltaire, mon ancien professeur d’architecture. À mes côtés, entre autres, deux camarades aujourd’hui disparus trop tôt : Didier Dominique et Robert “Ti Bob” Manuel. Transférés à l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine lors de sa fondation l’année suivante, nous formions un trio inséparable, sous la direction d’Albert Mangonès. Nous avons sillonné le pays, à la recherche de ruines, ces mazi, comme on dit en créole, et nous avons arpenté les bibliothèques et les archives : la Bibliothèque Nationale, la bibliothèque des Frères de l’Instruction Chrétienne, celle de Ragnar Arnesen, celles de Jean Fouchard, celles de Georges Corvington, aux Archives de la Marine de France à Vincennes, du Schomberg Librairy de New-York, les Archives d’Outre-Mer à Aix-en-Provence en quête d’informations utiles permettant d’identifier sur le terrain les traces, les vestiges, les ruines des anciennes constructions. Ce fut une période d’immense apprentissage. L’Inventaire prolongeait mes études d’architecture et de conservation, mais de manière concrète, sensible, parfois rude. Nous ne savions pas, à ce moment-là, que notre pays entrait dans une longue période de destruction massive de ce patrimoine que nous venions précisément de choisir de défendre. Je me souviens, entre autres, d’une mission en 1981 au Môle Saint-Nicolas. Nous y avions visité le réseau de fortifications françaises : la batterie de Grasse, le fort Vallière, le fort Georges (témoins de la pathétique résistance du géréral Lamarre contre le siège de la ville par l’Armée du Nord, le fort du Vieux Quartier, la Grande Poudrière, la batterie du Ralliement… Et là, nous avions découvert le petit cimetière du bourg conservé intact, avec des statues, des stèles, des pierres tombales en marbre blanc. La tâche d’inventaire était immense ; nous nous sommes promis de revenir sur les lieux. Quand nous sommes revenus, quelque temps plus tard, il ne restait plus rien. Les ornements avaient tous été emportés, sans doute par des pillards travaillant pour des antiquaires. Les tombes étaient là, mais dépouillées de leurs signes, dépouillées de leurs mémoires. Ce souvenir est resté comme une scène fondatrice : il dit à la fois la richesse de notre patrimoine, et la violence de ce qui le menace. Depuis, la liste des pertes n’a cessé de s’allonger. Je n’en citerai que quelques-unes, pour ne pas vous accabler, mais elles suffisent à mesurer la gravité de la situation. Nous avons vu disparaître : • La majeure partie de notre immense collection de maisons gingerbread à Port-au-Prince, malgré les alertes et les publications, dont celle d’Anghelen Philipps Gingerbread Houses Endangered Species ; • Les anciennes maisons traditionnelles du Cap, fragilisées par les bouleversements politiques, les pressions foncières et la brutale migration déclenchée par les évènements de 1986 ; • Le sac de lieux sacré du Vodou et le trafic de leurs artefacts rituels vers des collections privées ; • L’ancienne cathédrale de Port-au-Prince, partie en fumée, lors du coup d’État de 1992 ; C’est dans cette église, servant de salle de réunion, que fut proclamé la République d’Haïti, en 1806. Cette église paroissiale logeait des tombes de personnalités historiques comme celles de l’abbé Moussa, confesseur de Soulouque, ou du Grand Juge Sabourin, ministre des finances. Sous la présidence de Jean-Pierre Boyer ; Ces sépultures furent détruites lors de la construction de la nouvelle église ; • Les gingerbreads de long de la route de Pivert menant aux Hauts de Saint-Marc, dont la célèbre maison Boutin. Le séisme du 12 janvier 2010 a ensuite emporté : • Une grande partie de la collection des églises de culte catholique dites églises concordataires, o A Port-au-Prince :  le Sacré-Cœur de Turgeau ;  l’église Saint-Joseph ;  la chapelle Saint-Louis Roi de France ;  la Grande Cathédrale de Port-au-Prince, la basilique Notre Dame ;  l’église du Sacré-Cœur de Turgeau ;  l’église Saint-Gérard à Carrefour-Feuille o A Léogane  L’église Sainte-Rose ; o Aux Anglais  L’église Immaculée Conception • les Casernes Dessalines, le Palais National, le Palais de Justice, le Palais des Cinq-Ministères, • des statues, des édifices publics emblématiques. Le séisme du 14 août 2021 a prolongé cette saignée : L’église Notre-Dame du Perpétuel Secours de Cavaillon, le Sacré-Cœur des Cayes, Saint-Louis de Jérémie, • ruines de Camp Gérard, habitations, sucreries, témoins matériels de notre lutte pour l’indépendance. À cela s’ajoutent des pertes liées aux incendies, à l’insécurité, aux pillages : la chapelle de Milot, la résidence Cordasco, le Grand Hôtel Oloffson, … Cette liste est loin d’être exhaustive. Elle est seulement révélatrice. Ces destructions ne sont pas le fruit du hasard. Elles révèlent un système de menaces. Les théories de Cesare Brandi nous apprennent à distinguer deux grands types d’atteintes : • celles qui touchent la matière du bien : séismes, intempéries, corrosion, termites, instabilité structurelle ; • celles qui touchent sa valeur : interventions inappropriées, falsifications, restaurations qui imitent au lieu d’assumer leur contemporanéité, effacement des strates historiques. À cela s’ajoutent des menaces contextuelles tel l’urbanisation intrusive, processus d’extension urbaine qui pénètre de manière inappropriée ou agressive dans des espaces normalement destinés à l’agriculture, à la protection naturelles, paysagères, patrimoniales ou environnementales, sans cohérence avec les logiques d’aménagement et de zonage. S’ajoute les carences de maintenance, des pressions économiques de toutes sortes, le manque de moyens financiers et, surtout, le manque de reconnaissance sociale et institutionnelle de la valeur de ces biens. Une menace, ce n’est pas seulement un risque physique. C’est tout ce qui altère la possibilité de lire un bien pour ce qu’il est : un témoin historique et esthétique, porteur de sens. Quand on détruit une maison, un cimetière, une fresque, on n’enlève pas seulement des pierres et des enduits. On fragilise aussi un récit. ••• Je voudrais maintenant adresser un message à deux groupes essentiels : En premier lieu, aux responsables actuels, qui décident des lois, des budgets, des priorités ; Puis aux jeunes, qui voudraient se lancer dans la protection du patrimoine. Nous parlons souvent de patrimoine, mais moins souvent de patrimonialisation. Or, patrimonialiser, c’est un processus : identifier, documenter, attribuer des valeurs, protéger, transmettre. C’est une construction sociale et institutionnelle. Un bien devient patrimoine lorsque la société tout entière lui reconnaît des valeurs : historiques, esthétiques, symboliques, scientifiques, identitaires. Ce n’est pas automatique. Ce n’est pas seulement parce qu’un bâtiment est “vieux” qu’il est patrimonial. C’est parce qu’il est reconnu comme un témoin précieux, pour aujourd’hui et pour demain. Mais chez nous, ce processus est particulièrement difficile. L’architecte haïtienne Christine Laraque l’a formulé ainsi : « Nous avons hérité d’une histoire qui nous divise. » Mais, pire, je remanie : « nous avons hérité de plusieurs histoires qui nous divisent. » Ces phrases me semblent fondamentales. Comment bâtir un patrimoine commun quand nous n’avons pas encore une histoire suffisamment partagée ? Comment classer, protéger, transmettre, si chaque groupe se reconnaît dans des récits différents, parfois antagonistes ? C’est pourquoi je lance un appel aux historiens, aux chercheurs, aux enseignants : • Continuez à travailler à une histoire d’Haïti dans laquelle le plus grand nombre possible d’Haïtiens se reconnaissent ; • une histoire qui n’efface pas les conflits, ni les fractures, mais qui les pense, les documente, les met en perspective ; • une histoire qui permette ensuite de dire : « ceci, nous voulons le garder, le protéger, parce que cela raconte ce que nous sommes. » Aux jeunes architectes, aux étudiants, aux jeunes historiens, je voudrais dire ceci : ne vous découragez pas devant l’ampleur de la tâche. Ce que vous entreprenez - documenter, restaurer, enseigner, alerter - peut paraître modeste à l’échelle des crises que traverse le pays, mais il est essentiel. Essentiel, car Il est juste d’affirmer que le drame que traverse aujourd’hui la société haïtienne résulte de son manque de cohésion sociale, lui-même directement lié à l’absence d’une Histoire reconnue par tous et à la difficulté de patrimonialiser ce qui pourrait justement en constituer un fondement commun. Ceci me permet de conclure en revenant à l’essentiel : Le patrimoine n’est pas un luxe pour temps de prospérité. Ce n’est pas une fantaisie de spécialistes. Le patrimoine, c’est ce qui empêche un peuple d’être entièrement livré à l’oubli. Préserver un édifice, une maison, une place, une sucrerie, un fort, un cimetière, ce n’est pas simplement garder une belle façade. C’est affirmer : « Nous acceptons notre histoire, dans sa complexité, et nous la transmettons. » Protéger notre patrimoine, c’est un acte de dignité. ••• Je ne saurais terminer ces propos sans remercier mon ami et architecte de patrimoine, Philippe Châtelain, qui m’a accompagné durant plus de 25 ans dans cette lutte pour la sauvegarde et la mise en valeur de notre patrimoine. Avec lui j’ai fondé le Bulletin de l’ISPAN qui œuvrait dans cet effort de patrimonialisation de nos biens culturels. Je tiens à féliciter Eddy Lubin qui reçoit également aujourd’hui le prix Albert Mangonès 2025. Eddy et moi avons fait des bouts de chemins passionnants et mémorables dans la découverte du patrimoine d’Haïti. Je reçois donc ce Prix Albert Mangonès, non pas comme la conclusion d’un parcours, mais comme une invitation à poursuivre, sous d’autres formes, le même combat. Et je souhaite que beaucoup de jeunes, dans cette salle ou ailleurs, reprennent le flambeau avec leurs propres méthodes, leur propre langage, mais avec la même exigence. Je vous remercie.

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Comment la Révolution haïtienne a changé l’histoire de l’esclavage dans le monde

La Révolution haïtienne (1791–1804) ne fut pas seulement un événement national. Elle a été un séisme mondial, bouleversant le système esclavagiste dans les Amériques et en Europe. Pour la première fois dans l’histoire, des esclaves se sont soulevés, ont vaincu l’une des plus grandes puissances coloniales, et ont fondé une république libre et indépendante. Cette révolution a profondément transformé la vision du monde sur l’esclavage, la liberté et les droits humains. b~Un monde dominé par l’esclavage~b À la veille de la Révolution haïtienne, l’esclavage était au cœur de l’économie mondiale. Des millions d’Africains étaient déportés vers les Amériques pour travailler dans les plantations de sucre, de coton, de café et de tabac. Ce système cruel était justifié par des doctrines racistes et protégé par les plus grandes puissances européennes. La colonie de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti) était l’un des piliers de ce système. Avec plus de 500 000 esclaves et une production colossale de richesses, elle était la plus rentable des colonies françaises. Mais sous cette richesse se cachait une violence extrême, des souffrances indicibles, et une volonté farouche de liberté. b~La révolution d’Haïti : un choc historique~b En 1791, les esclaves de Saint-Domingue se soulèvent, donnant le coup d’envoi à une révolution sans précédent. Menée par des figures comme Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines et Henri Christophe, cette guerre d’indépendance aboutit à l’abolition de l’esclavage dans la colonie, puis à la naissance d’Haïti en 1804, première république noire libre. C’est la première fois dans l’histoire qu’un peuple asservi renverse ses oppresseurs et fonde un État libre. Un message clair est envoyé au monde : les esclaves ne sont pas des objets, mais des hommes capables de s’organiser, de se battre et de gouverner. b~L’impact direct sur l’histoire de l’esclavage~b 1. Une inspiration pour les autres peuples opprimés La victoire des esclaves haïtiens a inspiré de nombreuses révoltes dans les Caraïbes, aux États-Unis et en Amérique latine. Des esclaves et des abolitionnistes ont vu en Haïti la preuve vivante que l’émancipation était possible. 2. Un accélérateur du mouvement abolitionniste La peur de voir d’autres révoltes similaires poussera plusieurs puissances à reconsidérer l’esclavage. En Grande-Bretagne, en France et ailleurs, les mouvements abolitionnistes gagnent en force. La Grande-Bretagne abolit la traite en 1807, puis l’esclavage en 1833. La France, après plusieurs allers-retours, abolit définitivement l’esclavage en 1848. Les États-Unis, marqués par l’exemple haïtien, finiront par abolir l’esclavage en 1865. 3. Une rupture idéologique La Révolution haïtienne a démasqué l’hypocrisie des Lumières : alors que l’Europe parlait de liberté et de droits de l’homme, elle continuait à pratiquer l’esclavage. Haïti incarne la mise en pratique réelle de ces idéaux universels, par les plus marginalisés. b~Les résistances à l’héritage haïtien~b Malgré son influence, Haïti a été isolée diplomatiquement. Les puissances esclavagistes ont craint que l’exemple haïtien ne fasse des émules. Les États-Unis, la France et d’autres nations ont refusé de reconnaître l’indépendance d’Haïti pendant des années. Pire encore, en 1825, la France impose une dette colossale à Haïti, en échange de la reconnaissance de son indépendance. Ce rejet visait à étouffer symboliquement l’héritage haïtien, mais les faits demeurent : Haïti a ouvert la voie à la fin de l’esclavage dans le monde moderne. b~Une révolution trop souvent oubliée~b Aujourd’hui encore, la Révolution haïtienne est peu enseignée dans les livres d’histoire, alors qu’elle a bouleversé l’ordre mondial. Ce silence s’explique par des raisons politiques, raciales et idéologiques. Mais dans les mémoires des peuples en lutte, Haïti est un flambeau de courage et de libération. b~Haïti, berceau de la liberté noire~b La Révolution haïtienne a changé à jamais la place des Noirs dans le monde. Elle a prouvé que l’histoire pouvait être écrite par ceux qu’on croyait condamnés à la servitude. En brisant les chaînes, Haïti a ouvert la voie à un monde où la liberté n’est plus un privilège, mais un droit universel.

La Révolution haïtienne : origines, événements clés et héritage mondial

La Révolution haïtienne (1791–1804) est l’un des mouvements de libération les plus puissants et les plus influents de l’histoire mondiale. Cette révolution d’esclaves a renversé l’un des systèmes coloniaux les plus brutaux de l’époque pour donner naissance à la première république noire indépendante du monde : Haïti. À travers ses origines profondes, ses événements marquants et son héritage durable, elle continue d’inspirer les luttes pour la liberté et l’égalité. b~Les origines de la Révolution haïtienne~b À la fin du XVIIIe siècle, Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti) était la colonie la plus prospère des Antilles, produisant plus de la moitié du sucre et du café consommé en Europe. Cette richesse s’appuyait sur l’exploitation de plus de 500 000 esclaves africains, travaillant dans des conditions inhumaines au service d’une minorité blanche et d’une petite élite de libres de couleur. La société coloniale était profondément inégalitaire et violente. Trois éléments majeurs vont nourrir les flammes de la révolte : Les idées des Lumières et les principes de la Révolution française (1789) : liberté, égalité, droits de l’homme. Les injustices raciales infligées aux libres de couleur, qui étaient riches pour certains, mais privés de droits politiques. Le système esclavagiste, fondé sur la terreur et l’humiliation, contre lequel les esclaves africains n’ont jamais cessé de résister, de fuir ou de s’organiser. b~Les événements clés de la Révolution haïtienne~b 1. Le soulèvement d’août 1791 Dans la nuit du 22 au 23 août 1791, un soulèvement massif d’esclaves éclate dans le nord de la colonie. Guidé par des leaders spirituels comme Dutty Boukman, ce soulèvement marque le début de la révolution haïtienne. Des plantations sont incendiées, des colons tués, et un climat de guerre s’installe dans la colonie. 2. L’émergence de Toussaint Louverture Ancien esclave devenu brillant stratège, Toussaint Louverture devient une figure centrale de la révolution. Il organise les armées noires, négocie avec les puissances étrangères et parvient à faire abolir l’esclavage par la République française en 1794. Gouverneur de la colonie, il établit un gouvernement autonome et rédige une constitution en 1801. 3. Le retour des ambitions napoléoniennes En 1802, Napoléon Bonaparte envoie une armée pour reprendre le contrôle de la colonie et rétablir l’esclavage. S’ensuit une guerre féroce. Toussaint est capturé et déporté en France, où il meurt en prison en 1803. 4. La victoire et l’indépendance Sous la direction de Jean-Jacques Dessalines, les révolutionnaires remportent une victoire décisive contre les troupes françaises à Vertières en novembre 1803. Le 1er janvier 1804, Dessalines proclame l’indépendance de la nouvelle nation : Haïti. b~Un héritage mondial~b 1. Première république noire Haïti devient la première nation libre fondée par d’anciens esclaves. C’est un précédent historique unique dans l’histoire mondiale. 2. Un coup porté à l’esclavage dans le monde La victoire haïtienne inspire les peuples opprimés dans les Amériques, en particulier dans les Caraïbes, aux États-Unis et en Amérique latine. Elle accélère aussi le déclin du système esclavagiste, même si ce combat continuera pendant tout le XIXe siècle. 3. Un symbole de liberté~b Haïti devient un symbole de dignité et de résistance pour les peuples colonisés du monde entier. Son exemple montre que la liberté peut triompher, même contre les puissances les plus fortes. b~Pourquoi la Révolution haïtienne est encore trop peu connue ?~b Malgré sa portée universelle, la Révolution haïtienne reste peu enseignée et souvent minimisée dans les récits historiques. Ce silence s’explique par des raisons géopolitiques, raciales et économiques. Pourtant, son importance est comparable à celle de la Révolution française ou de la guerre d’indépendance américaine. b~Une mémoire vivante~b La Révolution haïtienne n’est pas seulement une histoire nationale, mais une leçon pour l’humanité. Elle incarne la capacité des peuples à se libérer de l’oppression et à construire un avenir fondé sur la justice et la liberté. En célébrant cette révolution, nous honorons non seulement Haïti, mais aussi la lutte universelle pour les droits humains.

8 juillet 1825 - 8 juillet 2025 Remémoration du bicentenaire de l’acceptation de l’ordonnance de Charles X par le gouvernement de Jean-Pierre Boyer - Prof. Watson Denis

https://lenouvelliste.com/article/257918/8-juillet-1825-8-juillet-2025-rememoration-du-bicentenaire-de-lacceptation-de-lordonnance-de-charles-x-par-le-gouvernement-de-jean-pierre-boyer. 8 juillet 1825 - 8 juillet 2025 Remémoration du bicentenaire de l’acceptation de l’ordonnance de Charles X par le gouvernement de Jean-Pierre Boyer Ce 8 juillet 2025 ramène le jour-bicentenaire de l’acceptation par le gouvernement de Jean-Pierre Boyer de l’ordonnance de Charles X, roi de France et de Navarre, publiée trois mois plus tôt, soit le 17 avril 1825[1]. Par Prof. Watson Denis 09 juil. 2025 | Lecture : 14 min. lenouvelliste.com Ce 8 juillet 2025 ramène le jour-bicentenaire de l’acceptation par le gouvernement de Jean-Pierre Boyer de l’ordonnance de Charles X, roi de France et de Navarre, publiée trois mois plus tôt, soit le 17 avril 1825[1]. C’est un jour à remémorer ! 1. De l’acceptation de l’ordonnance royale L’acceptation de cette ordonnance établissait la puissance retrouvée de l’ancienne métropole sur son ancienne colonie. A travers ses trois articles succincts, mais assez dramatiques pour la politique et l’économie du pays, le gouvernement de la Restauration en France avait exigé à Haïti, nouvel État indépendant, des conditions draconiennes pour sa survie dans le concert des nations. En résumé, le souverain français avait : · Article premier : ordonné l’ouverture des ports de la Partie française de Saint-Domingue (pour ne pas mentionner le nom d’Haïti) au commerce international et le paiement de 50% de droits de douane des produits, à l’importation et à l’exportation, transportés par les bateaux arborant le tricolore français ; · Article deuxième : ordonné le paiement de 150 millions de francs-or à verser à la Caisse de Dépôts et Consignations (institution financière du gouvernement français), en 5 annuités, en vue de dédommager les anciens colons et les planteurs de Saint-Domingue ; · Article troisième : décidé de concéder à la Partie française de Saint-Domingue (se référant à Haïti dans une périphrase) l’indépendance pleine et entière de son gouvernement. Cette ordonnance royale, fatidique, aux conséquences catastrophiques, occasionna tout de suite l’emprunt de 30 millions de francs-or sur le marché financier français en vue de payer la première échéance de l’indemnité. Cette indemnité, onéreuse, et l’emprunt contracté en France au cours de cette même année 1825, constituent ce qu’on appelle la double dette de l’indépendance. Ce fut un tribut colonial, une rançon historique qui déstabilisa le présent d’Haïti et hypothéqua son avenir. Cette ordonnance constituait en soi une charte du néo-colonialisme. Elle inséra le pays, à travers la stratégie dite de la spirale de l’endettement, dans les méandres du néo-colonialisme[2]. Contrairement à une idée répandue ce n’est pas l’ordonnance royale en soi qui généra la double dette de l’indépendance, ce fut plutôt son acceptation par le gouvernement de Jean-Pierre Boyer qui jeta le pays dans le gouffre[3]. On peut imaginer un instant, si ce gouvernement n’avait pas accepté cette ordonnance, il n’y aurait ni paiement d’indemnité, ni emprunt contracté en France pour honorer une quelconque dette imposée, et pas voie de conséquence, pas de double dette de l’indépendance. Avec l’acceptation de l’ordonnance de Charles X, soit, croit-on, par peur d’une intervention étrangère, soit par complaisance ou trahison de l’idéal dessalinien, le président Boyer, qui n’avait pas participé aux guerres pour l’indépendance d’Haïti entreprises par l’Armée indigène (juin 1802- janvier1804) contre l’armée expéditionnaire de Napoléon Bonaparte, avait broyé l’existence de l’État haïtien. 2. L’intervention militaire de la France en Haïti : un leurre L’idée d’une intervention militaire de la France en Haïti en 1825 était irréalisable, pas plus qu’il ne pouvait le faire en 1804, à la suite de la proclamation de l’indépendance d’Haïti. Sur le plan interne, il y avait un ensemble d’embarras qui l’aurait empêché d’agir de la sorte. Parmi ceux-ci, on peut énumérer : la perte d’influence de Paris dans les affaires du monde à cause des guerres déclenchées par Napoléon Bonaparte (à un certain moment le maitre des vies et des biens en Europe), un courant libéral de l’opinion publique française hostile à toute intervention militaire pour la résolution du conflit généré (du coté de l’Hexagone) par la Révolution haïtienne et le réalisme d’anciens colons et planteurs de Saint-Domingue qui se mirent à l’évidence que ce « joyau de l’empire colonial français » était définitivement perdu. Aussi, sur le plan international, on peut considérer des obstacles qui rendaient chimérique toute intervention militaire de la France dans les eaux haïtiennes au cours des deux premières décennies du XIXe siècle. Parmi ceux-ci, on peut mentionner : 1) La France avait perdu la colonie de la Louisiane qu’elle a vendu en avril-mai 1803 aux Etats-Unis d’Amérique (État fédéral indépendant en Amérique du Nord). De ce fait, Napoléon avait renoncé à son fameux projet d’un grand empire français dans les Amériques partant des rives de Mississipi jusque dans la mer des Caraïbes avec Saint-Domingue comme tête de pont. 2) La destruction de la flotte française à Trafalgar, Sud’Ouest de l’Espagne, le 21 octobre 1805. En cette occasion, la marine royale anglaise avait infligé une défaite cinglante aux flottes combinées de la France et de l’Espagne ; cette victoire a définitivement établi la suprématie de l’Angleterre en haute mer sur la France. Dès lors, il devenait de plus en plus difficile à la France d’entreprendre, et ce pendant de nombreuses années, de grandes opérations dans les eaux de l’Atlantique ; 3) Les défaites successives et définitives de Napoléon Bonaparte en Europe, soit en 1814 et 1815, dont la fameuse Bataille à Waterloo (territoire actuel de la Belgique, anciennement appartenu aux Pays-Bas) le 18 juin 1815 ; 4) Le Congrès de Vienne en 1814-1815, sous la houlette du chancelier, le Prince Klemens von Metternich, de l’Autriche. Ce congrès, pro-monarchie, avait établi un nouvel ordre politique conservateur dans le monde dominé par l’Europe occidentale. Il conféra alors à la France, après les années tumultueuses de Napoléon Bonaparte, qui amena la guerre un peu partout, un rôle de second plan. Celle-ci était même obligé de rétrocéder des pays et territoires qui se trouvaient encore sous sa domination. En toute confidentialité, les puissances d’Europe, post-Napoléon, encourageaient la France à trouver une solution diplomatique (pacifique) à l’épineuse question de l’indépendance d’Haïti. Toute intervention militaire devrait être écartée. D’ailleurs une telle entreprise aurait déplu à l’Angleterre, devenue maitresse des mers, qui avait déjà des intérêts commerciaux non négligeables dans l’Haïti indépendante; 5) Le vaste mouvement d’indépendance ayant irrigué de l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud en passant par l’Amérique centrale, de 1810 à 1822. Ce fut le cas du Mexique, du Venezuela, de la Colombie, du Pérou, de la Bolivie, du Chili, de l’Argentine et aussi du Brésil (1822-1824) qui évoluait elle-même sous la tutelle de la puissance portugaise. C’est dire qu’il y eut un nouveau paradigme dans les relations internationales de l’époque axé sur la lutte contre le colonialisme dont le fondement politique s’articula autour de l’auto-détermination des peuples des Amériques à vivre dans la liberté et l’indépendance. La tendance qui s’affirmait fut la reconnaissance diplomatique de ces nouveaux États indépendants. La Grande-Bretagne par exemple, dès 1823, commença à reconnaitre l’indépendance du Mexique et de la Colombie. Ces différentes proclamations d’indépendance et leur reconnaissance diplomatique, par la suite, avaient, dans une certaine mesure, renforcé l’indépendance d’Haïti ; 6) L’énoncé de la doctrine de Monroe. Le président des Etats-Unis d’Amérique (USA), James Monroe, dans un discours devenu célèbre, prononcé en 1823, avait mis les puissances européennes d’alors sous leur garde contre toute nouvelle politique de colonisation en Amérique et d’ingérence dans les affaires internes des nouveaux États indépendants. Par ailleurs, il avait ajouté que toute intervention militaire d’une de ces puissances sur le continent américain serait considéré comme un acte hostile aux USA ; 7) L’internationalisation de la problématique de l’indépendance d’Haïti. Cette indépendance, qui frappa les esprits et troubla l’ordre du monde existant (basé, entre autres, sur l’esclavage et le colonialisme) ne laissa personne indifférent. Londres pressait Paris de « régler » la question de l’indépendance d’Haïti au plus vite, et ce dans un cadre consensuel, sinon il passera lui-même en action. Pour sa part, l’Espagne, l’ancienne puissance mondiale du XVIe siècle, incapable de réagir autrement, n’a fait qu’accepter le fait accompli, sans demander une rétribution, de quelque forme que ce soit, aux dirigeants de ces nouveaux États indépendants des Amériques. Tenant compte de tous ces facteurs, la thèse d’une probable intervention militaire de la France en Haïti pour faire accepter l’ordonnance royale, malgré la présence de bateaux de guerre dans la rade de Port-au-Prince, ne tient pas la route. Le président Boyer avait plutôt accepté cette ordonnance par complaisance. Ou plutôt, il agissait en connaissance de cause. Sa partie a été prise depuis belle lurette, si on se fie aux confidences qu’il avait faites en 1816 à un émissaire français et, plus tard, à son attitude collaborationniste avec le baron de Mackau, porteur de l’ordonnance royale. 3. L’acceptation de l’ordonnance : une décision unilatérale Dans un rapport communiqué aux autorités françaises en 1816, le sieur Claude-Fleurimond Esmangart, ancien grand colon propriétaire de terre et d’esclaves de la Plaine des Cayes et l’un des émissaires envoyés en Haïti pour discuter avec le gouvernement de la République de l’Ouest, dont Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer (déjà pressenti pour accéder à la présidence), a écrit : « Cette mission [celle réalisée en 1814] pouvait être fort heureuse pour la France si elle eut été autrement dirigée, car les chefs eux-mêmes nous ont assuré qu’à cette époque, tous étaient disposés à se soumettre et peut-être par le mauvais choix des agents qui ont été envoyés, cette colonie est perdue pour toujours ». Dans le même rapport, il a précisé que Jean-Pierre Boyer lui a fait des confidences du genre qu’’il : « sentit tous les dangers de la position de cette république naissante… Tous sentirent l’utilité de la soumission [à la France], mais tous avouèrent aussi combien l’exaltation qu’ils avaient communiquée au peuple rendrait leur situation difficile et dangereuse »[4]. Puis, l’attitude du président de la République en juillet 1825 face au baron de Mackau était encore plus compromettante. A l’arrivée de cet émissaire, le président Boyer forma une commission de négociations, composée du général Joseph Balthazar Inginac, secrétaire général du Palais national, du président Alexandre Pétion au gouvernement de Jean-Pierre Boyer ; du sénateur Pierre-Prosper Rouanez, qui faisait déjà partie d’une délégation qui se rendait en France en 1824 dans le cadre de ces mêmes négociations ; et du colonel Marie-Elisabeth Eustache Frémont, aide-de-camp du président. Devant le refus de de Mackau de modifier les termes de l’ordonnance, les membres de la commission, à la suite de discussions houleuses, lui signifièrent à leur tour leur refus de l’accepter. Ce qui fit sortir le diplomate français dans ses gonds. Par la suite, ce dernier, à sa demande, a eu une réunion à huis-clos avec le président Boyer. Au cours de cette rencontre, le chef de l’État lui aurait déclaré, selon le rapport de mission adressé à son supérieur hiérarchique : « On m’a dit que vous aviez été affligé d’une note de mes commissaires ; remettez-la moi comme non avenue, et qu’il n’en soit plus question entre nous… Dorénavant je veux traiter cette grande affaire directement avec vous »[5]. Effectivement, il l’a fait à sa façon. De manière unilatérale. Le président Boyer, sans résistance aucune, sans requérir l’avis les membres de la commission qu’il avait lui-même institué pour ces négociations, ni consulter la population haïtienne sur une question aussi importante, a pris la malencontreuse décision d’accepter l’ordonnance de Charles X. En effet, il a accepté l’ordonnance royale, au nom d’Haïti, le 8 juillet 1825. Trois jours plus tard, soit le 11 juillet, celle-ci a été entérinée en grande pompe, en présence du baron de Mackau, qui prononça même un discours pour la circonstance, par le Sénat de la République, contrôlé par le Pouvoir exécutif. Sur ces entrefaites, le Port-au-Prince huppé feta et banqueta au sujet de cet événement dans les grands salons tandis que le reste du pays y vit un acte de trahison nationale Il y avait un ensemble d’arguments que les autorités haïtiennes pouvaient mettre à contribution dans les négociations pour rejeter l’ordonnance royale ; elles n’en firent rien. Comme ce fut le cas dans le passé, des membres de l’élite du pouvoir à Port-au-Prince devaient être informés, ayant des correspondants en France en particulier, qu’après la conclusion du Congrès de Vienne que la situation globale en Europe ne favoriserait pas une intervention armée de la France en Haïti. De plus, les rivalités politiques entre les puissances d’Europe et la montée des forces nationalistes en Amérique favorisaient une certaine normalisation des relations avec Haïti. La France elle-même, avec la Restauration, donc le retour de la lignée des Bourbons au pouvoir, recherchait une voie nouvelle et de rédemption dans les affaires internationales. En ce sens, une intervention militaire était hors de question. Que s’est-il donc passé ? À la suite de la disparition des Pères fondateurs de la patrie, en particulier de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines (1806) et de la mort d’Henry Christophe (1820), deux fameux héros de la guerre de l’indépendance, Haïti tomba dans des mains peu sûres. Quand bien même l’élite du pouvoir à Port-au-Prince, dirigeait l’île d’Haïti toute entière, elle avait moins de confiance dans le maintien de l’indépendance. Les années, pour répéter le général Joseph Balthazar Inginac, dans ses mémoires, « passaient toujours dans les incertitudes et les anxiétés ». Il n’y avait pas de politiques publiques à matérialiser, ni d’objectifs clairs à atteindre. Toute cette période est marquée par l’immobilisme sur le plan national et des compromissions sur le plan international. Finalement, de tergiversations en hésitations et des négociations compromettantes, cette élite finit par céder à la France, à travers cette fameuse ordonnance, des espaces de pouvoir qui allaient alimenter le néo-colonialisme. En fait, il semblerait que des membres de cette élite, considérant leur sentiment personnel à l’égard de l’indépendance d’Haïti (pour reprendre une expression de l’historien Leslie Manigat)[6] avaient une prédisposition à faire des concessions à la France. L’idée de l’indemnité proposée par le président Pétion et l’ordonnance suggérée par Boyer lui-même se sont matérialisées en 1825. 4. L’acceptation de l’ordonnance royale par le gouvernement : désapprouvée par la population L’acceptation de l’ordonnance royale symbolisa un moment de rupture entre les gouvernés et les gouvernants. 21 ans après 1804, le sentiment de bravoure et cette idéologie du peuple en armes pour défendre l’indépendance nationale étaient encore bien présents dans l’esprit des citoyens haïtiens. Il est à rappeler que le leitmotiv après la proclamation de l’indépendance, sachant que les Français pouvaient revenir à n’importe quel instant, fut construit autour de ce cri de ralliement : au premier coup de canon d’alarme, les villes disparaissent et le peuple est debout comme un seul homme. De fait, à l’arrivée de l’expédition de de Mackau, des citoyens vigilants s’étaient déjà rendus sur les montagnes environnantes en vue de préparer la défense de la patrie. Par exemple, les forts jumeaux Jacques et Alexandre à Kenscoff et la zone montagneuse et boisée de la Coupe, surplombant la capitale, Port-au-Prince, qui deviendra plus tard Pétion-Ville, faisaient partie des endroits aménagés pour la résistance. C’est ce qui explique quand la mauvaise nouvelle de l’acceptation de l’ordonnance royale gagna les rues et les contrées du pays, la nation en pâlit, le peuple se mortifia. Il y eut des remous, des cris de révolte et de dégout. Beaubrun Ardouin, tout proche de Boyer qu’il fut en tant que journaliste, éditeur et fonctionnaire de l’État, a commenté quelques années plus tard que la population a montré son indignation à l’égard de la conduite de Boyer dans cette affaire. Il a expliqué : “Il y eu un mécontentement concentré qui, de la capitale, devait se répandre dans toute la République et produire bientôt de fâcheux effets »[7]. De son côté, sur le même sujet, l’historien Thomas Madiou, qui se retrouvait lui aussi dans les couloirs du Palais national à l’époque de Boyer, mentionna quand la nouvelle de l’acceptation de l’ordonnance royale circula dans les villes et les campagnes, il se répandait, comme une trainée de poudre, que le président Boyer avait « vendu le pays aux Français”[8]. On parla même des préparatifs, surtout dans le Nord, pour déclencher une révolte contre le gouvernement et le renverser. Ce qui obligea les membres du gouvernement à faire une tournée militaire dans cette région du pays pendant deux mois. Par la suite, de temps à autre, il a dû faire face aux mécontentements suscités par cette acceptation de l’ordonnance. Certes, Boyer resta au pouvoir jusqu’en mars 1843, il n’en demeure pas moins que sa longue présidence créa du scepticisme, l’expression d’une révolte contenue ressentie au sein de la population. Il y a deux cents ans depuis que le gouvernement de Boyer a accepté l’ordonnance abominable de Charles X. C’est encore un événement douloureux dans les annales de l’histoire d’Haïti et de ses relations diplomatiques avec la France. Il ne s’agit ici ni d’anniversaire, ni de célébration, ni de commémoration, sinon de la remémoration d’une infamie historique faite à un peuple à peine libéré de l’exploitation du système esclavagiste conjuguée aux méfaits et calamités de la domination colonialiste. Watson Denis, Ph.D. Professeur de pensée sociale haïtienne, d’histoire de la Caraïbe et des relations internationales à l’Université d’État d’Haïti et auteur, entre autres, de l’ouvrage : Haïti : changer le cours de l’Histoire (2016) watsondenis@yahoo.com 8 juillet 2025 Notes et références bibliographiques [1] Voir Watson Denis, “Le président Jean-Pierre Boyer, l’acceptation de l’ordonnance de Charles X en 1825 et la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti par la France. (Haïti : de la souveraineté à la suzeraineté) », Revue d’Histoire Haïtienne. Haïti au XIXe siècle, N0. 3, Montréal, P.Q. Canada, CIDIHCA, 2022, pp. 411-446. [2] Voir sur ce sujet Benoit Joachim, « Le néo-colonialisme à l’essai. La France et l’indépendance d’Haïti », La Pensée, N0. 156, avril 1971, pp. 19-43. Du même auteur, voir également, « La reconnaissance d’Haïti par la France (1825) : naissance d’un nouveau type de rapports internationaux », Revue d’histoire moderne et contemporaine, N0s. 22-23, 1975, pp. 369-396 et Watson Denis, « Série de dettes publiques contractées par l’État haïtien au XIXe siècle (1825-1911). De la double dette de l’indépendance aux emprunts de la Consolidation et pour la création de la Banque Nationale de la République d’Haïti », Revue de la Société Haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie, N0s. 267-274, janvier 2018- décembre 2019, pp. 127- 169. [3] A preuve, l’ordonnance a été publiée en avril 1825, rien ne se déroula ; tout se déclencha en juillet 1825 à la suite de son acceptation par le gouvernement. [4] Les citations sont tirées de l’article de Leslie F. Manigat, “Le délicat problème de la critique historique. Les sentiments de Pétion et de Boyer vis-à-vis de l’indépendance nationale dans la conjoncture 1808-1814”, Éventail d’Histoire Vivante d’Haïti, Tome I : La période fondatrice, 1789-1838, Port-au-Prince, Collection du CHUDAC, 2001, p. 238. [5] Voir “Rapport à Son Excellence le ministre de la Marine et des Colonies, de la mission à Saint-Domingue de Mr. le Baron de Mackau », Haïti-France. Les chaines de la dette (le rapport Mackau, 1825, édition intégrale, annotée et commentée, par Marcel Dorigny, Jean Marie Théodat, Gusti-Klara Gaillard et Jean-Claude Bruffaerts, préface de Thomas Piketty, introduction de Fritz Alphonse Jean, Paris, Maisonneuve & Larose, Nouvelles éditions/ Hémisphères, 2021, pp.140-141. [6] Manigat, “Les sentiments de Pétion et de Boyer vis-à-vis de l’indépendance nationale”, pp. 219-248. [7] Voir Beaubrun Ardouin, Études sur l’histoire d’Haïti, vol. 3, Tomes 8, 9, 10 et 11, 1811 (1846), Port-au-Prince, Reproduction par Ateliers Fardin, 2004, pp. 86. p. 82. [8] Voir Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome VI (1819-1826), Port-au-Prince, Éditions Henri Deschamps, 1988, pp. 476-478. Cette idée de vendre le pays à la France était largement partagée au sein de la population. Elle a été également rapportée une vingtaine d’années plus tard par Inginac, dans ses mémoires. Voir Inginac, Les mémoires du général Joseph Balthazar Inginac, p. 117.

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Haïti : Palais Sans Souci / visite virtuelle

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MÉMOIRES VIVANTES DE LA RÉVOLUTION HAÏTIENNE Déclaration du Roi Henry Christophe – 20 novembre 1816. Montage artistique réalisé avec l’intelligence artificielle et des extraits d’images et de documents historiques appropriés

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Haïti, 1825 : de l’indépendance à la dette - Conférence de Jean Alix René

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Système d’Information

Une Porte Ouverte sur le riche Patrimoine Haïtien

Le système d’information est une plateforme de relation. Il est dédié à la mise en valeur, à la protection et à la transmission du patrimoine culturel haïtien. Il facilite le partage de données et la collaboration entre les institutions publiques, les universités, les chercheurs, les organismes dédiés à la préservation du patrimoine et vous-même. Ainsi, il renforce les partenariats existant et inspire la réalisation d’initiatives et de projets conjoints au service de la mémoire collective.

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Quelles ressources y trouverez-vous ?

Le système d’information recense 6 types de ressources clés :
- Sites patrimoniaux
- Patrimoine immatériel
- Événements culturels
- Événements historiques
- Individus ou groupes
- Ressources informationelles

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