Founding Fathers of the United States

    Founding Fathers of the United States

    The Founding Fathers of the United States were the leaders of the American Revolution (c. 1765-1789), who led the push for American independence from Great Britain, founded the United States, and oversaw the implementation of the US Constitution in the tumultuous years following the war.

    While the term ’Founding Father’ can apply to many influential individuals from the American Revolutionary period, this collection looks at 15 of the most significant. It includes the men who spearheaded the initial struggle against Parliament in the 1760s, the writers of the Declaration of Independence, influential figures in the Second Continental Congress, which oversaw the course of the American Revolutionary War, as well as the first five presidents of the United States.

    World History Encyclopedia
    https://www.worldhistory.org/collection/296/founding-fathers-of-the-united-states/
    https://www.worldhistory.org/image/19151/scene-at-the-signing-of-the-constitution-of-the-un/

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    Le Musée virtuel de la révolution haïtienne lance officiellement son système d’information ce jeudi 20 novembre 2025

    NOTE D’INFORMATION Le Musée virtuel de la révolution haïtienne (MVRH) a le plaisir de vous informer du lancement officiel de son système d’information. Le système d’information est une plateforme relationnelle composée d’un site web et d’une base de données. Il met en valeur, protège et transmet le patrimoine culturel haïtien. Il favorise la diffusion de connaissances et la collaboration entre les organismes publics, les universités, les chercheurs, les organisations dédiées à la protection du patrimoine et le public. De cette manière, il renforce les partenariats existants et inspire la réalisation d’initiatives et de projets conjoints au service de la mémoire collective. Le Musée virtuel de la révolution haïtienne est un organisme sans but lucratif. Notre ambition est de rendre accessible au public une information exhaustive sur la riche tradition d’interprétation et de représentation de la Révolution haïtienne. Cette tradition remonte à l’époque même de la Révolution (1791-1820). Nous proposons des ressources provenant de différents groupes de recherche, de centres de documentation, d’archives, d’universités, d’artistes et de producteurs. Vous découvrirez une gamme de ressources sur la révolution haïtienne, incluant des ouvrages scientifiques et de fiction, des articles, des expositions, des jeux vidéo, des films, des bases de données, des documents d’archives historiques, des thèses et des mémoires. En collaboration avec la Smithsonian Institution et l’Alliance pour la protection du patrimoine culturel (ALIPH), nous travaillons avec une équipe d’experts en technologie de l’information pour créer une base de données accessible à plusieurs catégories d’utilisateurs (touristes, étudiants, chercheurs, artistes, spécialistes du patrimoine et visiteurs occasionnels). Cette équipe a élaboré l’infrastructure technologique en adaptant la plateforme ARCHES, développée par le Getty Conservation Institute. Le MVRH et ses partenaires ajouteront ensuite progressivement des contenus et des fonctionnalités additionnelles. Nous avons conclu des accords avec le Centre International de Documentation et d’Information Haïtienne, Caribéenne et Afro-canadienne (CIDIHCA) et le ministère de la Culture et de la Communication d’Haïti. Grâce à ces protocoles conclus après des discussions avec les responsables des Archives nationales d’Haïti (ANH), du Bureau national d’ethnologie (BNE) et de l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (ISPAN), ces institutions du ministère deviennent des partenaires de ce projet. Nous travaillons aussi avec d’autres institutions privées, comme des bibliothèques, des universités, des chaires de recherche, des associations et des centres de documentation, afin d’enrichir la base de données. Le ministre de la Culture et de la Communication, Patrick Delatour, a souligné que de nombreux inventaires avaient été effectués depuis 1970, ce qui a considérablement amélioré la préservation et la valorisation du patrimoine culturel haïtien. Il est désormais possible de mieux structurer ces connaissances et de les utiliser pour une gestion plus efficace des défis et des opportunités actuels. Le système d’information du MVRH fournit la preuve que les musées virtuels ne se limitent pas à une plateforme numérique offrant une visualisation en trois dimensions d’objets grâce à l’interaction et à l’immersion. Un musée virtuel est un système de représentation des mondes potentiels imaginés par une communauté humaine. L’objectif d’un musée virtuel consacré à une révolution n’est pas de mettre en évidence les atrocités de la violence et les insurrections qui peuvent être associées à une période révolutionnaire. Ce n’est pas la violence ni l’insurrection qui définissent une révolution. D’une part, il y a des violences insurrectionnelles sans révolutions dans les actions des gangs terroristes. D’autre part, certaines révolutions se dissocient de la violence. On peut citer la Révolution tranquille au Québec, la révolution copernicienne dans les sciences, ou encore la révolution artistique contemporaine. Selon les récentes recherches anthropologiques, une révolution est un processus cosmogonique visant à forger un nouveau monde, de nouveaux temps et de nouveaux sujets sociaux. Il s’agit d’un ensemble complexe d’évènements réalisés par un groupe social sous la direction de leaders exceptionnels et charismatiques. Les révolutions sont des phénomènes de rupture qui aboutissent à des transformations collectives et individuelles en remettant en question les discours dominants. Comme processus cosmogoniques, les révolutions permettent l’émergence de nombreuses visions sur les origines et les finalités du temps historiquement vécu, en imaginant l’avènement d’un monde nouveau et différent dans tous ses aspects. Dans le cas de la Révolution haïtienne, une constellation d’utopies a surgi sous la forme de mondes potentiels imaginés. Elles ont émergé au cœur d’un ensemble de contradictions sociales et économiques, de conflits armés et d’intrigues politiques visant la division des acteurs. Les diverses formes de luttes fratricides pour le pouvoir qui en résultent ont empêché l’actualisation de ces mondes potentiels. François Makandal envisageait l’émergence d’un monde où des paquets mystiques, des incantations et des potions pourraient guérir les plaies et les maladies perçues comme des maléfices liés au système esclavagiste. Toussaint Louverture avait imaginé un monde où la fraternité et l’amitié entre personnes de diverses origines ethniques engendrent la prospérité et la splendeur dans une société où la main-d’œuvre est libérée de l’esclavage. « Ne formez plus entre vous qu’un peuple de frères, une seule famille… Prouvez-leur qu’un sol cultivé par des mains libres peut aussi bien fructifier que celui qui est cultivé par des esclaves » proclamait Toussaint. Jean-Jacques Dessalines avait rêvé d’un monde où le courage, la justice, l’intégrité, la loyauté, la fraternité, les célébrations, les danses festives et la liberté religieuse s’affirment comme des expressions culturelles d’un peuple qui a osé être libre. « Nous avons osé être libres, osons l’être par nous-mêmes et pour nous-mêmes », disait-il. Henry Christophe envisageait la construction d’un monde jalonné de « superbes monuments » architecturaux où l’économie, l’instruction publique, l’ordre, la discipline, les sciences et les beaux-arts prospéreraient. Alexandre Pétion, quant à lui, envisageait un monde où la tolérance et une répartition plus équitable des richesses matérielles favoriseraient la paix sociale. Le système d’information du Musée virtuel de la Révolution haïtienne a été conçu pour contribuer à une meilleure représentation des mondes potentiels imaginés par ces Afrodescendants, notamment entre 1750 et 1820. Il permettra d’explorer la manière dont ces mondes alternatifs sont représentés dans la culture visuelle haïtienne contemporaine à travers les rituels du vodou, l’architecture, les arts culinaires, la peinture, la sculpture, le cinéma, les jeux et la littérature. Le système d’information du MVRH aura quatre fonctions principales : 1. Faciliter l’intégration systématique des informations sur la révolution haïtienne dans les programmes d’enseignement, en histoire, en géographie, en arts et en sciences humaines. 2. Fournir des données exhaustives et actualisées sur l’état de conservation du patrimoine culturel haïtien pour des expositions muséales et des projets de conservation. 3. Faciliter la gestion des risques de détérioration et de destruction du patrimoine culturel en situation d’urgence en Haïti en fournissant des données fiables pour contacter les parties prenantes et coordonner les efforts de sauvetage et de préservation. 4. Renforcer la collaboration entre les réseaux de recherche, les universités, les créateurs, les institutions culturelles publiques et les communautés d’origine haïtienne à travers le monde. Le système d’information du Musée virtuel de la révolution haïtienne est lancé comme un projet inachevé. Cet inachèvement stratégique nous permet d’offrir des occasions d’interactions créatives pour mieux accueillir vos contributions. Écrivez-nous à info@haitirevolution.org Nous invitons des scientifiques, des chercheurs et des artistes de tous ces domaines à nous envoyer des extraits de leurs créations pour diffusion. Nous profitons de ce lancement pour remercier des spécialistes comme Marlene L. Daut et Sudhir Hazareesingh, entre autres, qui ont déjà contribué au système d’information. Montréal, le 20 novembre 2025 Olsen Jean-Julien, PhD Directeur Exécutif Musée Virtuel de la Révolution Haïtienne olsen.jean.julien@umontreal.ca olsen2jj@gmail.com

    COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Remise du Prix Albert Mangonès 2025 à Daniel Élie et à Eddy Lubin

    Remise du Prix Albert Mangonès 2025 à Daniel Élie et à Eddy Lubin COMMUNIQUÉ DE PRESSE Le Ministère de la Culture et de la Communication, l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN), la Chaire UNESCO en histoire et patrimoine de l’Université d’État d’Haïti (CUHP-UEH), l’Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti (IERAH) et le Musée Virtuel de la Révolution Haïtienne (MVRH) ont collaboré au lancement du Prix Albert Mangonès en 2024. Ce prix a été établi en hommage à l’architecte et sculpteur Albert Mangonès pour mettre en lumière les efforts d’une personne ou d’une organisation en faveur de la conservation des bâtiments, des lieux ou des objets liés à la Révolution haïtienne. Il met ainsi en évidence l’importance des contributions individuelles et institutionnelles dans la préservation de l’héritage collectif haïtien. Le Prix Albert Mangonès comprend une plaque honorifique ainsi qu’une collection d’œuvres de recherche-création, qui peuvent être des livres, des peintures, des sculptures, des films documentaires, des jeux vidéo ou encore de la musique représentant le patrimoine culturel hérité de la Révolution haïtienne. Pour sa seconde édition en 2025, il sera décerné à Eddy Lubin et à Daniel Élie. Bernard Pierre Eddy Lubin est né le 18 février 1955. Il a une expertise en héritage culturel, ayant été formé comme technicien en archéologie. De 1978 à 1990, dans le cadre de l’ISPAN, il a acquis une vaste expérience en archéologie, travaillant sur les sites de Puerto Real à Limonade et du complexe Sans Souci à Milot. Ses nombreuses publications témoignent de son intérêt profond pour l’évolution du système défensif et des sites emblématiques de la lutte pour l’indépendance haïtienne. En collaboration avec plusieurs autres spécialistes, il a élaboré des suggestions pour préserver et mettre en valeur l’armement de la Citadelle, les pétroglyphes de Cerca Carvajal, le site de Bois Caïman, ainsi que les centres historiques de Milot et de Fort Liberté. Ses travaux reflètent son constant souci pour les défis environnementaux, économiques, culturels et sociaux auxquels font face les générations actuelles et futures. Ministre de la Culture et de la Communication (2007-2008), il s’est distingué par son effort d’élaboration d’un document de politique culturelle et par son intérêt pour l’éducation culturelle et les lakous du vodou. Très généreux et toujours disponible pour la vulgarisation de connaissances, il réalise régulièrement des conférences dans les écoles, des tours éducatifs et des vidéos didactiques sur les édifices historiques et sites archéologiques. Jean Gabriel Daniel Élie est né le 11 janvier en 1954. Il a fait des études en génie-architecture à l’Université d’État d’Haïti, puis s’est spécialisé en conservation architecturale au Centre international pour la conservation des biens culturels (ICCROM) à Rome en Italie. De 1988 à 1996, dans le cadre de l’ISPAN, il a acquis une riche expérience dans des projets d’aménagement de centres-villes et d’édifices historiques. Il a entre autres travaillé sur la ville du Cap-Haïtien et l’Ancienne Cathédrale de Port-au-Prince. De 1997 à 1999, en tant qu’architecte au Bureau de la présidence, il a réalisé une série de projets de rénovation de places d’armes dans les villes de Jacmel, de Gonaïves et de Port-au-Prince. Il a donc contribué à la réhabilitation des sites commémoratifs dédiés à Jean-Jacques Dessalines, à Henry Christophe et à Toussaint Louverture. Il a été ministre de la Culture et de la Communication de 2006 à 2007 et directeur général de l’ISPAN de 2007 à 2011. Il s’est particulièrement distingué par la vulgarisation de connaissances sur le patrimoine culturel haïtien. Il a créé le Bulletin de l’ISPAN et supervisé la publication de 35 numéros, diffusant ainsi des informations de qualité sur les biens immobiliers ayant une valeur culturelle et historique de toutes les régions d’Haïti. Cette publication constitue une précieuse source d’information pour promouvoir, protéger et mettre en valeur le patrimoine culturel. Ces spécialistes sont donc dépositaires d’une part importante de l’héritage et de la mémoire du peuple haïtien. Ils ont consacré plus de quatre décennies de leur existence à la préservation des monuments et sites associés à la révolution haïtienne. Leurs connaissances et compétences contribuent à une compréhension plus profonde de notre identité collective. Les sites qu’ils ont contribué à préserver sont parmi les plus emblématiques du pays. Le Parc National Historique Citadelle, Sans-Souci, Ramiers figure sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Selon Albert Mangonès, ces sites sont des symboles de notre indépendance nationale et sont consacrés à la liberté de notre peuple. Nous recommandons les récipiendaires du prix Albert Mangonès au président de la République pour l’Ordre National Honneur et Mérite. Port-au-Prince, le 18 novembre 2025 Pour authentification Olsen JEAN-JULIEN, PhD Directeur Exécutif Musée virtuel de la Révolution haïtienne (MVRH)

    Discours de réception du Prix Albert Mangonès - Daniel Élie

    DISCOURS DE RECIPIENDAIRE DU PRIX ALBERT MANGONES Daniel Elie 18 novembre 2025 Monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication, M. Patrick Delatour Monsieur le Directeur Général de l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) Monsieur le Doyen de l’Institut d’Études et de Recherches Africaines d’Haïti (ERAH) Monsieur le Titulaire de la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l’ UEH Monsieur le Président du Musée Virtuel de la Révolution Haïtienne (MVRH), Madame la Présidente du Comité d’Organisation du Prix Albert Mangones, Mesdames, Messieurs les membres du Jury, Chers collègues, chers amis, Mesdames, Messieurs, Je reçois aujourd’hui le Prix Albert Mangonès avec une profonde émotion, mais aussi avec un sentiment de continuité. Ce prix porte le nom d’un homme qui a marqué ma trajectoire, et il reconnaît une cause à laquelle j’ai voulu consacrer ma vie : la préservation d’édifices et de sites historiques d’Haïti. Je voudrais, avant toute chose, vous remercier très chaleureusement. Je voudrais également saluer un compagnon de route, l’architecte du patrimoine Patrick Delatour. Nos itinéraires ont souvent été parallèles, parfois éloignés, parfois convergents, mais toujours guidés par la même obstination : faire en sorte que le patrimoine haïtien ne soit pas uniquement une matière à nostalgie, mais une ressource vivante, transmise aux générations futures. ••• Pour comprendre aujourd’hui, il faut revenir à 1978. Cette année-là, je soutenais ma thèse de sortie, Jacmel 78, rédigée en collaboration et consacrée à la mise en valeur du centre historique de Jacmel, sous la direction de notre directeur de thèse l’Architecte Leslie Voltaire. Dans la salle, il y avait Albert Mangonès. Je ne savais pas encore que sa présence serait déterminante. Le lendemain, je me retrouvais à l’Avenue Marie-Jeanne, à l’Office National du Tourisme et des Relations publiques, affecté à l’Inventaire des Ressources Touristiques, sous la direction de Leslie Voltaire, mon ancien professeur d’architecture. À mes côtés, entre autres, deux camarades aujourd’hui disparus trop tôt : Didier Dominique et Robert “Ti Bob” Manuel. Transférés à l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine lors de sa fondation l’année suivante, nous formions un trio inséparable, sous la direction d’Albert Mangonès. Nous avons sillonné le pays, à la recherche de ruines, ces mazi, comme on dit en créole, et nous avons arpenté les bibliothèques et les archives : la Bibliothèque Nationale, la bibliothèque des Frères de l’Instruction Chrétienne, celle de Ragnar Arnesen, celles de Jean Fouchard, celles de Georges Corvington, aux Archives de la Marine de France à Vincennes, du Schomberg Librairy de New-York, les Archives d’Outre-Mer à Aix-en-Provence en quête d’informations utiles permettant d’identifier sur le terrain les traces, les vestiges, les ruines des anciennes constructions. Ce fut une période d’immense apprentissage. L’Inventaire prolongeait mes études d’architecture et de conservation, mais de manière concrète, sensible, parfois rude. Nous ne savions pas, à ce moment-là, que notre pays entrait dans une longue période de destruction massive de ce patrimoine que nous venions précisément de choisir de défendre. Je me souviens, entre autres, d’une mission en 1981 au Môle Saint-Nicolas. Nous y avions visité le réseau de fortifications françaises : la batterie de Grasse, le fort Vallière, le fort Georges (témoins de la pathétique résistance du géréral Lamarre contre le siège de la ville par l’Armée du Nord, le fort du Vieux Quartier, la Grande Poudrière, la batterie du Ralliement… Et là, nous avions découvert le petit cimetière du bourg conservé intact, avec des statues, des stèles, des pierres tombales en marbre blanc. La tâche d’inventaire était immense ; nous nous sommes promis de revenir sur les lieux. Quand nous sommes revenus, quelque temps plus tard, il ne restait plus rien. Les ornements avaient tous été emportés, sans doute par des pillards travaillant pour des antiquaires. Les tombes étaient là, mais dépouillées de leurs signes, dépouillées de leurs mémoires. Ce souvenir est resté comme une scène fondatrice : il dit à la fois la richesse de notre patrimoine, et la violence de ce qui le menace. Depuis, la liste des pertes n’a cessé de s’allonger. Je n’en citerai que quelques-unes, pour ne pas vous accabler, mais elles suffisent à mesurer la gravité de la situation. Nous avons vu disparaître : • La majeure partie de notre immense collection de maisons gingerbread à Port-au-Prince, malgré les alertes et les publications, dont celle d’Anghelen Philipps Gingerbread Houses Endangered Species ; • Les anciennes maisons traditionnelles du Cap, fragilisées par les bouleversements politiques, les pressions foncières et la brutale migration déclenchée par les évènements de 1986 ; • Le sac de lieux sacré du Vodou et le trafic de leurs artefacts rituels vers des collections privées ; • L’ancienne cathédrale de Port-au-Prince, partie en fumée, lors du coup d’État de 1992 ; C’est dans cette église, servant de salle de réunion, que fut proclamé la République d’Haïti, en 1806. Cette église paroissiale logeait des tombes de personnalités historiques comme celles de l’abbé Moussa, confesseur de Soulouque, ou du Grand Juge Sabourin, ministre des finances. Sous la présidence de Jean-Pierre Boyer ; Ces sépultures furent détruites lors de la construction de la nouvelle église ; • Les gingerbreads de long de la route de Pivert menant aux Hauts de Saint-Marc, dont la célèbre maison Boutin. Le séisme du 12 janvier 2010 a ensuite emporté : • Une grande partie de la collection des églises de culte catholique dites églises concordataires, o A Port-au-Prince :  le Sacré-Cœur de Turgeau ;  l’église Saint-Joseph ;  la chapelle Saint-Louis Roi de France ;  la Grande Cathédrale de Port-au-Prince, la basilique Notre Dame ;  l’église du Sacré-Cœur de Turgeau ;  l’église Saint-Gérard à Carrefour-Feuille o A Léogane  L’église Sainte-Rose ; o Aux Anglais  L’église Immaculée Conception • les Casernes Dessalines, le Palais National, le Palais de Justice, le Palais des Cinq-Ministères, • des statues, des édifices publics emblématiques. Le séisme du 14 août 2021 a prolongé cette saignée : L’église Notre-Dame du Perpétuel Secours de Cavaillon, le Sacré-Cœur des Cayes, Saint-Louis de Jérémie, • ruines de Camp Gérard, habitations, sucreries, témoins matériels de notre lutte pour l’indépendance. À cela s’ajoutent des pertes liées aux incendies, à l’insécurité, aux pillages : la chapelle de Milot, la résidence Cordasco, le Grand Hôtel Oloffson, … Cette liste est loin d’être exhaustive. Elle est seulement révélatrice. Ces destructions ne sont pas le fruit du hasard. Elles révèlent un système de menaces. Les théories de Cesare Brandi nous apprennent à distinguer deux grands types d’atteintes : • celles qui touchent la matière du bien : séismes, intempéries, corrosion, termites, instabilité structurelle ; • celles qui touchent sa valeur : interventions inappropriées, falsifications, restaurations qui imitent au lieu d’assumer leur contemporanéité, effacement des strates historiques. À cela s’ajoutent des menaces contextuelles tel l’urbanisation intrusive, processus d’extension urbaine qui pénètre de manière inappropriée ou agressive dans des espaces normalement destinés à l’agriculture, à la protection naturelles, paysagères, patrimoniales ou environnementales, sans cohérence avec les logiques d’aménagement et de zonage. S’ajoute les carences de maintenance, des pressions économiques de toutes sortes, le manque de moyens financiers et, surtout, le manque de reconnaissance sociale et institutionnelle de la valeur de ces biens. Une menace, ce n’est pas seulement un risque physique. C’est tout ce qui altère la possibilité de lire un bien pour ce qu’il est : un témoin historique et esthétique, porteur de sens. Quand on détruit une maison, un cimetière, une fresque, on n’enlève pas seulement des pierres et des enduits. On fragilise aussi un récit. ••• Je voudrais maintenant adresser un message à deux groupes essentiels : En premier lieu, aux responsables actuels, qui décident des lois, des budgets, des priorités ; Puis aux jeunes, qui voudraient se lancer dans la protection du patrimoine. Nous parlons souvent de patrimoine, mais moins souvent de patrimonialisation. Or, patrimonialiser, c’est un processus : identifier, documenter, attribuer des valeurs, protéger, transmettre. C’est une construction sociale et institutionnelle. Un bien devient patrimoine lorsque la société tout entière lui reconnaît des valeurs : historiques, esthétiques, symboliques, scientifiques, identitaires. Ce n’est pas automatique. Ce n’est pas seulement parce qu’un bâtiment est “vieux” qu’il est patrimonial. C’est parce qu’il est reconnu comme un témoin précieux, pour aujourd’hui et pour demain. Mais chez nous, ce processus est particulièrement difficile. L’architecte haïtienne Christine Laraque l’a formulé ainsi : « Nous avons hérité d’une histoire qui nous divise. » Mais, pire, je remanie : « nous avons hérité de plusieurs histoires qui nous divisent. » Ces phrases me semblent fondamentales. Comment bâtir un patrimoine commun quand nous n’avons pas encore une histoire suffisamment partagée ? Comment classer, protéger, transmettre, si chaque groupe se reconnaît dans des récits différents, parfois antagonistes ? C’est pourquoi je lance un appel aux historiens, aux chercheurs, aux enseignants : • Continuez à travailler à une histoire d’Haïti dans laquelle le plus grand nombre possible d’Haïtiens se reconnaissent ; • une histoire qui n’efface pas les conflits, ni les fractures, mais qui les pense, les documente, les met en perspective ; • une histoire qui permette ensuite de dire : « ceci, nous voulons le garder, le protéger, parce que cela raconte ce que nous sommes. » Aux jeunes architectes, aux étudiants, aux jeunes historiens, je voudrais dire ceci : ne vous découragez pas devant l’ampleur de la tâche. Ce que vous entreprenez - documenter, restaurer, enseigner, alerter - peut paraître modeste à l’échelle des crises que traverse le pays, mais il est essentiel. Essentiel, car Il est juste d’affirmer que le drame que traverse aujourd’hui la société haïtienne résulte de son manque de cohésion sociale, lui-même directement lié à l’absence d’une Histoire reconnue par tous et à la difficulté de patrimonialiser ce qui pourrait justement en constituer un fondement commun. Ceci me permet de conclure en revenant à l’essentiel : Le patrimoine n’est pas un luxe pour temps de prospérité. Ce n’est pas une fantaisie de spécialistes. Le patrimoine, c’est ce qui empêche un peuple d’être entièrement livré à l’oubli. Préserver un édifice, une maison, une place, une sucrerie, un fort, un cimetière, ce n’est pas simplement garder une belle façade. C’est affirmer : « Nous acceptons notre histoire, dans sa complexité, et nous la transmettons. » Protéger notre patrimoine, c’est un acte de dignité. ••• Je ne saurais terminer ces propos sans remercier mon ami et architecte de patrimoine, Philippe Châtelain, qui m’a accompagné durant plus de 25 ans dans cette lutte pour la sauvegarde et la mise en valeur de notre patrimoine. Avec lui j’ai fondé le Bulletin de l’ISPAN qui œuvrait dans cet effort de patrimonialisation de nos biens culturels. Je tiens à féliciter Eddy Lubin qui reçoit également aujourd’hui le prix Albert Mangonès 2025. Eddy et moi avons fait des bouts de chemins passionnants et mémorables dans la découverte du patrimoine d’Haïti. Je reçois donc ce Prix Albert Mangonès, non pas comme la conclusion d’un parcours, mais comme une invitation à poursuivre, sous d’autres formes, le même combat. Et je souhaite que beaucoup de jeunes, dans cette salle ou ailleurs, reprennent le flambeau avec leurs propres méthodes, leur propre langage, mais avec la même exigence. Je vous remercie.

    Discours de réception du Prix Albert Mangonès Bernard Pierre Eddy Lubin

    Discours de réception du Prix Albert Mangonès Bernard Pierre Eddy Lubin (Cap-Haïtien, 18 novembre 2025) Monsieur le Président du Comité du Prix Albert Mangonès, Mesdames et Messieurs les membres du jury, Distingués invités, Chers collègues, chers amis, Recevoir aujourd’hui le Prix Albert Mangonès est pour moi un honneur qui me touche au plus profond de l’âme. Car ce prix porte le nom d’un homme qui a su donner à notre pays une vision, une méthode, et surtout une espérance : celle de croire que la mémoire peut devenir matière à renaissance. Albert Mangonès n’a pas seulement restauré des monuments ; il a réveillé des consciences. Il a rappelé à la nation qu’Haïti n’est pas un simple espace géographique, mais un territoire de l’esprit, une architecture de l’âme, un pays de pierres et de songes. C’est dans cette filiation que s’inscrit tout mon parcours. J’ai consacré ma vie au patrimoine bâti, à ces murs qui portent nos cicatrices et nos gloires, à ces pierres qui racontent la patience du temps et le courage des hommes. Mais je n’ai jamais voulu séparer la pierre du souffle, le monument du chant, la matière du symbole. Pour moi, le patrimoine est un tout, une seule respiration où se rencontrent la mémoire et la vie, le visible et l’invisible, le geste et la parole. C’est pourquoi je me suis aussi tourné vers le patrimoine immatériel, vers ces danses, ces musiques, ces rites et ces savoirs populaires qui prolongent la flamme du passé dans le cœur du présent. Car si les monuments sont la mémoire de la pierre, les traditions sont la mémoire du peuple. Et sans peuple, la pierre se tait. Aujourd’hui, en recevant cette distinction, je pense à tous ceux qui, souvent loin des projecteurs, travaillent, réparent, transmettent : les artisans, les chercheurs, les porteurs de tradition, les gardiens anonymes de nos lieux sacrés et de nos gestes anciens. C’est leur prix, autant que le mien. Et parce que nous sommes le 18 Novembre , jour où la nation célèbre la victoire de Vertières je veux croire que ce prix s’inscrit aussi dans la continuité de ce combat. Préserver notre patrimoine, c’est continuer la Révolution — autrement. C’est résister à la destruction, à l’amnésie, à la honte. C’est refuser que la mémoire d’un peuple soit livrée au silence ou à l’oubli. Oui, protéger le patrimoine, c’est prolonger la liberté sous d’autres formes. C’est bâtir, chaque jour, un pays de dignité, de beauté et de culture. Je remercie profondément le Comité du Prix Albert Mangonès, l’ISPAN, mes pairs, mes amis et mes compagnons de route. Votre reconnaissance me touche, mais elle m’oblige encore davantage à poursuivre cette œuvre, avec la même passion, la même rigueur, la même foi. Que ce prix soit un chant d’espérance — pour notre pays, pour notre jeunesse, pour ce peuple qui porte encore, au milieu des ruines, la lumière de l’esprit. Merci. « Le patrimoine n’est pas ce que nous gardons, mais ce que nous faisons vivre. » Bernard Pierre Eddy Lubin