HENRY CHRISTOPHE - DÉCLARATION DU 20 NOVEMBRE 1816
  • December 05, 2025
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HENRY CHRISTOPHE - DÉCLARATION DU 20 NOVEMBRE 1816

L’année 2025 marque le bicentenaire de la publication de l’ordonnance du 17 avril 1825 du Roi français Charles X (1824-1830). Il « reconnait » l’indépendance d’Haïti en échange de ce que les historiens ont appelé une double dette. En voici le texte.

Voulant pourvoir à ce que réclame l’intérêt du commerce français, les malheurs des anciens colons de Saint-Domingue, et l’état précaire des habitants de cette île, nous avons ordonné ce qui suit :

Art. 1. Les ports de la partie française de Saint-Domingue seront ouverts au commerce de toutes les nations. Les droits perçus dans ces ports, soit sur les navires, soit sur les marchandises, tant à l’entrée qu’à la sortie seront égaux et uniformes pour tous les pavillons, excepté le pavillon français, en faveur duquel les droits seraient réduits de moitié.

Art. 2. Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la caisse générale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au trente-et-un décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinés à dédommager les anciens colons qui réclameront des indemnités.

Art. 3. Nous concédons, à ces conditions, par la présente ordonnance aux habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue, l’indépendance pleine et entière de leur gouvernement.

Cette ordonnance a été émise environ cinq ans après le décès d’Henry Christophe (8 octobre 1820). Madiou a écrit que cette ordonnance avait été rendue par Charles X de son autorité souveraine sans consulter le gouvernement haïtien. L’ordonnance devait être acceptée sans réserve, sinon la France aurait engagé des hostilités contre Haïti. (Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome VI, p. 448. Édition 1989.)

Le 25 mars 2025, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME) a publié une note d’information consacrée à cette question. (« La double dette d’Haïti (1825-2025) – Une question actuelle » https://memoire-esclavage.org/double-dette-dhaiti.)

Dans cette note, les auteurs caractérisent la dette comme un mécanisme de passage d’une colonisation par l’esclavage à une néo-colonisation économique. « L’ordonnance de 1825, en imposant en Haïti cette indemnité de 150 millions de francs-or pour obtenir la reconnaissance de son indépendance, marque le début d’un cycle de dépendance économique durable. »

Dans cette déclaration, datée du 20 novembre 1816, le roi Henry Christophe a exprimé une vision différente. Il soutient que la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti devrait découler de relations diplomatiques fondées sur le respect des droits et des intérêts du peuple haïtien.

Nous avons choisi les extraits suivants pour notre montage artistique.

« Plein de confiance dans la justice de notre cause et de la légitimité de nos droits, et n’ayant point de secret à garder envers notre peuple, nos intérêts étant les mêmes et liés d’une manière indissoluble, nous nous sommes faits une impérieuse loi de traiter publiquement les affaires qui ont rapport à la liberté et à l’indépendance du peuple haytien.

Nous n’avons pas seulement à travailler pour assurer l’existence, la liberté et l’indépendance de la génération actuelle. Mais il faut encore, que nous travaillons pour assurer la possession et la jouissance de ces biens précieux, aux générations qui viendront
après nous. Et ce n’est que par nos constants efforts, notre sagesse et notre prudence que nous pourrons y parvenir.

À CES CAUSES, nous avons déclaré et nous déclarons solennellement que : Nous ne traiterons avec le gouvernement français, que sur le même pied, de puissance à puissance, de souverain à souverain.

Lorsque nous traiterons, nous ne consentirons à aucun traité quelconque, qui ne comprendrait la liberté et l’indépendance de la généralité des haytiens qui habitent les trois provinces du Royaume, connues sous la dénomination du Nord, de l’Ouest et du Sud, notre territoire, la cause du peuple haytien étant une et indivisible.

Le pavillon français ne sera point admis dans aucun des ports du Royaume, ni aucun individu de cette nation, jusqu’à ce que l’indépendance d’Hayti soit définitivement reconnue par le gouvernement français.

Nous remettons la justice de notre cause dans les mains de Dieu, qui punit toujours les injustes et les agresseurs. Nous soutiendrons la dignité de notre couronne, les droits et les intérêts du peuple haytien, et nous nous reposons avec confiance sur sa bravoure, son zèle et son amour pour la patrie, afin de nous seconder, de tous ses efforts, dans la défense de ses droits, de sa liberté et de son indépendance!

Donné en notre Palais de Sans-Souci, le 20 Novembre 1816. »

Nous publions sur le site du MVRH le document complet de la déclaration qui inclut aussi un ensemble de « pièces justificatives ».

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De l’acceptation de l’ordonnance royale L’acceptation de cette ordonnance établissait la puissance retrouvée de l’ancienne métropole sur son ancienne colonie. A travers ses trois articles succincts, mais assez dramatiques pour la politique et l’économie du pays, le gouvernement de la Restauration en France avait exigé à Haïti, nouvel État indépendant, des conditions draconiennes pour sa survie dans le concert des nations. En résumé, le souverain français avait : · Article premier : ordonné l’ouverture des ports de la Partie française de Saint-Domingue (pour ne pas mentionner le nom d’Haïti) au commerce international et le paiement de 50% de droits de douane des produits, à l’importation et à l’exportation, transportés par les bateaux arborant le tricolore français ; · Article deuxième : ordonné le paiement de 150 millions de francs-or à verser à la Caisse de Dépôts et Consignations (institution financière du gouvernement français), en 5 annuités, en vue de dédommager les anciens colons et les planteurs de Saint-Domingue ; · Article troisième : décidé de concéder à la Partie française de Saint-Domingue (se référant à Haïti dans une périphrase) l’indépendance pleine et entière de son gouvernement. Cette ordonnance royale, fatidique, aux conséquences catastrophiques, occasionna tout de suite l’emprunt de 30 millions de francs-or sur le marché financier français en vue de payer la première échéance de l’indemnité. Cette indemnité, onéreuse, et l’emprunt contracté en France au cours de cette même année 1825, constituent ce qu’on appelle la double dette de l’indépendance. Ce fut un tribut colonial, une rançon historique qui déstabilisa le présent d’Haïti et hypothéqua son avenir. Cette ordonnance constituait en soi une charte du néo-colonialisme. Elle inséra le pays, à travers la stratégie dite de la spirale de l’endettement, dans les méandres du néo-colonialisme[2]. Contrairement à une idée répandue ce n’est pas l’ordonnance royale en soi qui généra la double dette de l’indépendance, ce fut plutôt son acceptation par le gouvernement de Jean-Pierre Boyer qui jeta le pays dans le gouffre[3]. On peut imaginer un instant, si ce gouvernement n’avait pas accepté cette ordonnance, il n’y aurait ni paiement d’indemnité, ni emprunt contracté en France pour honorer une quelconque dette imposée, et pas voie de conséquence, pas de double dette de l’indépendance. Avec l’acceptation de l’ordonnance de Charles X, soit, croit-on, par peur d’une intervention étrangère, soit par complaisance ou trahison de l’idéal dessalinien, le président Boyer, qui n’avait pas participé aux guerres pour l’indépendance d’Haïti entreprises par l’Armée indigène (juin 1802- janvier1804) contre l’armée expéditionnaire de Napoléon Bonaparte, avait broyé l’existence de l’État haïtien. 2. L’intervention militaire de la France en Haïti : un leurre L’idée d’une intervention militaire de la France en Haïti en 1825 était irréalisable, pas plus qu’il ne pouvait le faire en 1804, à la suite de la proclamation de l’indépendance d’Haïti. Sur le plan interne, il y avait un ensemble d’embarras qui l’aurait empêché d’agir de la sorte. Parmi ceux-ci, on peut énumérer : la perte d’influence de Paris dans les affaires du monde à cause des guerres déclenchées par Napoléon Bonaparte (à un certain moment le maitre des vies et des biens en Europe), un courant libéral de l’opinion publique française hostile à toute intervention militaire pour la résolution du conflit généré (du coté de l’Hexagone) par la Révolution haïtienne et le réalisme d’anciens colons et planteurs de Saint-Domingue qui se mirent à l’évidence que ce « joyau de l’empire colonial français » était définitivement perdu. Aussi, sur le plan international, on peut considérer des obstacles qui rendaient chimérique toute intervention militaire de la France dans les eaux haïtiennes au cours des deux premières décennies du XIXe siècle. Parmi ceux-ci, on peut mentionner : 1) La France avait perdu la colonie de la Louisiane qu’elle a vendu en avril-mai 1803 aux Etats-Unis d’Amérique (État fédéral indépendant en Amérique du Nord). De ce fait, Napoléon avait renoncé à son fameux projet d’un grand empire français dans les Amériques partant des rives de Mississipi jusque dans la mer des Caraïbes avec Saint-Domingue comme tête de pont. 2) La destruction de la flotte française à Trafalgar, Sud’Ouest de l’Espagne, le 21 octobre 1805. En cette occasion, la marine royale anglaise avait infligé une défaite cinglante aux flottes combinées de la France et de l’Espagne ; cette victoire a définitivement établi la suprématie de l’Angleterre en haute mer sur la France. Dès lors, il devenait de plus en plus difficile à la France d’entreprendre, et ce pendant de nombreuses années, de grandes opérations dans les eaux de l’Atlantique ; 3) Les défaites successives et définitives de Napoléon Bonaparte en Europe, soit en 1814 et 1815, dont la fameuse Bataille à Waterloo (territoire actuel de la Belgique, anciennement appartenu aux Pays-Bas) le 18 juin 1815 ; 4) Le Congrès de Vienne en 1814-1815, sous la houlette du chancelier, le Prince Klemens von Metternich, de l’Autriche. Ce congrès, pro-monarchie, avait établi un nouvel ordre politique conservateur dans le monde dominé par l’Europe occidentale. Il conféra alors à la France, après les années tumultueuses de Napoléon Bonaparte, qui amena la guerre un peu partout, un rôle de second plan. Celle-ci était même obligé de rétrocéder des pays et territoires qui se trouvaient encore sous sa domination. En toute confidentialité, les puissances d’Europe, post-Napoléon, encourageaient la France à trouver une solution diplomatique (pacifique) à l’épineuse question de l’indépendance d’Haïti. Toute intervention militaire devrait être écartée. D’ailleurs une telle entreprise aurait déplu à l’Angleterre, devenue maitresse des mers, qui avait déjà des intérêts commerciaux non négligeables dans l’Haïti indépendante; 5) Le vaste mouvement d’indépendance ayant irrigué de l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud en passant par l’Amérique centrale, de 1810 à 1822. Ce fut le cas du Mexique, du Venezuela, de la Colombie, du Pérou, de la Bolivie, du Chili, de l’Argentine et aussi du Brésil (1822-1824) qui évoluait elle-même sous la tutelle de la puissance portugaise. C’est dire qu’il y eut un nouveau paradigme dans les relations internationales de l’époque axé sur la lutte contre le colonialisme dont le fondement politique s’articula autour de l’auto-détermination des peuples des Amériques à vivre dans la liberté et l’indépendance. La tendance qui s’affirmait fut la reconnaissance diplomatique de ces nouveaux États indépendants. La Grande-Bretagne par exemple, dès 1823, commença à reconnaitre l’indépendance du Mexique et de la Colombie. Ces différentes proclamations d’indépendance et leur reconnaissance diplomatique, par la suite, avaient, dans une certaine mesure, renforcé l’indépendance d’Haïti ; 6) L’énoncé de la doctrine de Monroe. Le président des Etats-Unis d’Amérique (USA), James Monroe, dans un discours devenu célèbre, prononcé en 1823, avait mis les puissances européennes d’alors sous leur garde contre toute nouvelle politique de colonisation en Amérique et d’ingérence dans les affaires internes des nouveaux États indépendants. Par ailleurs, il avait ajouté que toute intervention militaire d’une de ces puissances sur le continent américain serait considéré comme un acte hostile aux USA ; 7) L’internationalisation de la problématique de l’indépendance d’Haïti. Cette indépendance, qui frappa les esprits et troubla l’ordre du monde existant (basé, entre autres, sur l’esclavage et le colonialisme) ne laissa personne indifférent. Londres pressait Paris de « régler » la question de l’indépendance d’Haïti au plus vite, et ce dans un cadre consensuel, sinon il passera lui-même en action. Pour sa part, l’Espagne, l’ancienne puissance mondiale du XVIe siècle, incapable de réagir autrement, n’a fait qu’accepter le fait accompli, sans demander une rétribution, de quelque forme que ce soit, aux dirigeants de ces nouveaux États indépendants des Amériques. Tenant compte de tous ces facteurs, la thèse d’une probable intervention militaire de la France en Haïti pour faire accepter l’ordonnance royale, malgré la présence de bateaux de guerre dans la rade de Port-au-Prince, ne tient pas la route. Le président Boyer avait plutôt accepté cette ordonnance par complaisance. Ou plutôt, il agissait en connaissance de cause. Sa partie a été prise depuis belle lurette, si on se fie aux confidences qu’il avait faites en 1816 à un émissaire français et, plus tard, à son attitude collaborationniste avec le baron de Mackau, porteur de l’ordonnance royale. 3. L’acceptation de l’ordonnance : une décision unilatérale Dans un rapport communiqué aux autorités françaises en 1816, le sieur Claude-Fleurimond Esmangart, ancien grand colon propriétaire de terre et d’esclaves de la Plaine des Cayes et l’un des émissaires envoyés en Haïti pour discuter avec le gouvernement de la République de l’Ouest, dont Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer (déjà pressenti pour accéder à la présidence), a écrit : « Cette mission [celle réalisée en 1814] pouvait être fort heureuse pour la France si elle eut été autrement dirigée, car les chefs eux-mêmes nous ont assuré qu’à cette époque, tous étaient disposés à se soumettre et peut-être par le mauvais choix des agents qui ont été envoyés, cette colonie est perdue pour toujours ». Dans le même rapport, il a précisé que Jean-Pierre Boyer lui a fait des confidences du genre qu’’il : « sentit tous les dangers de la position de cette république naissante… Tous sentirent l’utilité de la soumission [à la France], mais tous avouèrent aussi combien l’exaltation qu’ils avaient communiquée au peuple rendrait leur situation difficile et dangereuse »[4]. Puis, l’attitude du président de la République en juillet 1825 face au baron de Mackau était encore plus compromettante. A l’arrivée de cet émissaire, le président Boyer forma une commission de négociations, composée du général Joseph Balthazar Inginac, secrétaire général du Palais national, du président Alexandre Pétion au gouvernement de Jean-Pierre Boyer ; du sénateur Pierre-Prosper Rouanez, qui faisait déjà partie d’une délégation qui se rendait en France en 1824 dans le cadre de ces mêmes négociations ; et du colonel Marie-Elisabeth Eustache Frémont, aide-de-camp du président. Devant le refus de de Mackau de modifier les termes de l’ordonnance, les membres de la commission, à la suite de discussions houleuses, lui signifièrent à leur tour leur refus de l’accepter. Ce qui fit sortir le diplomate français dans ses gonds. Par la suite, ce dernier, à sa demande, a eu une réunion à huis-clos avec le président Boyer. Au cours de cette rencontre, le chef de l’État lui aurait déclaré, selon le rapport de mission adressé à son supérieur hiérarchique : « On m’a dit que vous aviez été affligé d’une note de mes commissaires ; remettez-la moi comme non avenue, et qu’il n’en soit plus question entre nous… Dorénavant je veux traiter cette grande affaire directement avec vous »[5]. Effectivement, il l’a fait à sa façon. De manière unilatérale. Le président Boyer, sans résistance aucune, sans requérir l’avis les membres de la commission qu’il avait lui-même institué pour ces négociations, ni consulter la population haïtienne sur une question aussi importante, a pris la malencontreuse décision d’accepter l’ordonnance de Charles X. En effet, il a accepté l’ordonnance royale, au nom d’Haïti, le 8 juillet 1825. Trois jours plus tard, soit le 11 juillet, celle-ci a été entérinée en grande pompe, en présence du baron de Mackau, qui prononça même un discours pour la circonstance, par le Sénat de la République, contrôlé par le Pouvoir exécutif. Sur ces entrefaites, le Port-au-Prince huppé feta et banqueta au sujet de cet événement dans les grands salons tandis que le reste du pays y vit un acte de trahison nationale Il y avait un ensemble d’arguments que les autorités haïtiennes pouvaient mettre à contribution dans les négociations pour rejeter l’ordonnance royale ; elles n’en firent rien. Comme ce fut le cas dans le passé, des membres de l’élite du pouvoir à Port-au-Prince devaient être informés, ayant des correspondants en France en particulier, qu’après la conclusion du Congrès de Vienne que la situation globale en Europe ne favoriserait pas une intervention armée de la France en Haïti. De plus, les rivalités politiques entre les puissances d’Europe et la montée des forces nationalistes en Amérique favorisaient une certaine normalisation des relations avec Haïti. La France elle-même, avec la Restauration, donc le retour de la lignée des Bourbons au pouvoir, recherchait une voie nouvelle et de rédemption dans les affaires internationales. En ce sens, une intervention militaire était hors de question. Que s’est-il donc passé ? À la suite de la disparition des Pères fondateurs de la patrie, en particulier de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines (1806) et de la mort d’Henry Christophe (1820), deux fameux héros de la guerre de l’indépendance, Haïti tomba dans des mains peu sûres. Quand bien même l’élite du pouvoir à Port-au-Prince, dirigeait l’île d’Haïti toute entière, elle avait moins de confiance dans le maintien de l’indépendance. Les années, pour répéter le général Joseph Balthazar Inginac, dans ses mémoires, « passaient toujours dans les incertitudes et les anxiétés ». Il n’y avait pas de politiques publiques à matérialiser, ni d’objectifs clairs à atteindre. Toute cette période est marquée par l’immobilisme sur le plan national et des compromissions sur le plan international. Finalement, de tergiversations en hésitations et des négociations compromettantes, cette élite finit par céder à la France, à travers cette fameuse ordonnance, des espaces de pouvoir qui allaient alimenter le néo-colonialisme. En fait, il semblerait que des membres de cette élite, considérant leur sentiment personnel à l’égard de l’indépendance d’Haïti (pour reprendre une expression de l’historien Leslie Manigat)[6] avaient une prédisposition à faire des concessions à la France. L’idée de l’indemnité proposée par le président Pétion et l’ordonnance suggérée par Boyer lui-même se sont matérialisées en 1825. 4. L’acceptation de l’ordonnance royale par le gouvernement : désapprouvée par la population L’acceptation de l’ordonnance royale symbolisa un moment de rupture entre les gouvernés et les gouvernants. 21 ans après 1804, le sentiment de bravoure et cette idéologie du peuple en armes pour défendre l’indépendance nationale étaient encore bien présents dans l’esprit des citoyens haïtiens. Il est à rappeler que le leitmotiv après la proclamation de l’indépendance, sachant que les Français pouvaient revenir à n’importe quel instant, fut construit autour de ce cri de ralliement : au premier coup de canon d’alarme, les villes disparaissent et le peuple est debout comme un seul homme. De fait, à l’arrivée de l’expédition de de Mackau, des citoyens vigilants s’étaient déjà rendus sur les montagnes environnantes en vue de préparer la défense de la patrie. Par exemple, les forts jumeaux Jacques et Alexandre à Kenscoff et la zone montagneuse et boisée de la Coupe, surplombant la capitale, Port-au-Prince, qui deviendra plus tard Pétion-Ville, faisaient partie des endroits aménagés pour la résistance. C’est ce qui explique quand la mauvaise nouvelle de l’acceptation de l’ordonnance royale gagna les rues et les contrées du pays, la nation en pâlit, le peuple se mortifia. Il y eut des remous, des cris de révolte et de dégout. Beaubrun Ardouin, tout proche de Boyer qu’il fut en tant que journaliste, éditeur et fonctionnaire de l’État, a commenté quelques années plus tard que la population a montré son indignation à l’égard de la conduite de Boyer dans cette affaire. Il a expliqué : “Il y eu un mécontentement concentré qui, de la capitale, devait se répandre dans toute la République et produire bientôt de fâcheux effets »[7]. De son côté, sur le même sujet, l’historien Thomas Madiou, qui se retrouvait lui aussi dans les couloirs du Palais national à l’époque de Boyer, mentionna quand la nouvelle de l’acceptation de l’ordonnance royale circula dans les villes et les campagnes, il se répandait, comme une trainée de poudre, que le président Boyer avait « vendu le pays aux Français”[8]. On parla même des préparatifs, surtout dans le Nord, pour déclencher une révolte contre le gouvernement et le renverser. Ce qui obligea les membres du gouvernement à faire une tournée militaire dans cette région du pays pendant deux mois. Par la suite, de temps à autre, il a dû faire face aux mécontentements suscités par cette acceptation de l’ordonnance. Certes, Boyer resta au pouvoir jusqu’en mars 1843, il n’en demeure pas moins que sa longue présidence créa du scepticisme, l’expression d’une révolte contenue ressentie au sein de la population. Il y a deux cents ans depuis que le gouvernement de Boyer a accepté l’ordonnance abominable de Charles X. C’est encore un événement douloureux dans les annales de l’histoire d’Haïti et de ses relations diplomatiques avec la France. Il ne s’agit ici ni d’anniversaire, ni de célébration, ni de commémoration, sinon de la remémoration d’une infamie historique faite à un peuple à peine libéré de l’exploitation du système esclavagiste conjuguée aux méfaits et calamités de la domination colonialiste. Watson Denis, Ph.D. Professeur de pensée sociale haïtienne, d’histoire de la Caraïbe et des relations internationales à l’Université d’État d’Haïti et auteur, entre autres, de l’ouvrage : Haïti : changer le cours de l’Histoire (2016) watsondenis@yahoo.com 8 juillet 2025 Notes et références bibliographiques [1] Voir Watson Denis, “Le président Jean-Pierre Boyer, l’acceptation de l’ordonnance de Charles X en 1825 et la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti par la France. (Haïti : de la souveraineté à la suzeraineté) », Revue d’Histoire Haïtienne. Haïti au XIXe siècle, N0. 3, Montréal, P.Q. Canada, CIDIHCA, 2022, pp. 411-446. [2] Voir sur ce sujet Benoit Joachim, « Le néo-colonialisme à l’essai. La France et l’indépendance d’Haïti », La Pensée, N0. 156, avril 1971, pp. 19-43. Du même auteur, voir également, « La reconnaissance d’Haïti par la France (1825) : naissance d’un nouveau type de rapports internationaux », Revue d’histoire moderne et contemporaine, N0s. 22-23, 1975, pp. 369-396 et Watson Denis, « Série de dettes publiques contractées par l’État haïtien au XIXe siècle (1825-1911). De la double dette de l’indépendance aux emprunts de la Consolidation et pour la création de la Banque Nationale de la République d’Haïti », Revue de la Société Haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie, N0s. 267-274, janvier 2018- décembre 2019, pp. 127- 169. [3] A preuve, l’ordonnance a été publiée en avril 1825, rien ne se déroula ; tout se déclencha en juillet 1825 à la suite de son acceptation par le gouvernement. [4] Les citations sont tirées de l’article de Leslie F. Manigat, “Le délicat problème de la critique historique. Les sentiments de Pétion et de Boyer vis-à-vis de l’indépendance nationale dans la conjoncture 1808-1814”, Éventail d’Histoire Vivante d’Haïti, Tome I : La période fondatrice, 1789-1838, Port-au-Prince, Collection du CHUDAC, 2001, p. 238. [5] Voir “Rapport à Son Excellence le ministre de la Marine et des Colonies, de la mission à Saint-Domingue de Mr. le Baron de Mackau », Haïti-France. Les chaines de la dette (le rapport Mackau, 1825, édition intégrale, annotée et commentée, par Marcel Dorigny, Jean Marie Théodat, Gusti-Klara Gaillard et Jean-Claude Bruffaerts, préface de Thomas Piketty, introduction de Fritz Alphonse Jean, Paris, Maisonneuve & Larose, Nouvelles éditions/ Hémisphères, 2021, pp.140-141. [6] Manigat, “Les sentiments de Pétion et de Boyer vis-à-vis de l’indépendance nationale”, pp. 219-248. [7] Voir Beaubrun Ardouin, Études sur l’histoire d’Haïti, vol. 3, Tomes 8, 9, 10 et 11, 1811 (1846), Port-au-Prince, Reproduction par Ateliers Fardin, 2004, pp. 86. p. 82. [8] Voir Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome VI (1819-1826), Port-au-Prince, Éditions Henri Deschamps, 1988, pp. 476-478. Cette idée de vendre le pays à la France était largement partagée au sein de la population. Elle a été également rapportée une vingtaine d’années plus tard par Inginac, dans ses mémoires. Voir Inginac, Les mémoires du général Joseph Balthazar Inginac, p. 117.

GUYODO : A manifesting energy

The name on Guyodo’s birth certificate is Frantz Jacques. Born on December 7, 1973, he spent his formative years in the vibrant district of Granri, located in the heart of Port-au-Prince, Haiti. He creates drawings, paintings, and sculptures as a medium to share the vivid images that are dancing in his mind. Guyodo is his artist’s name. In October 2024, I encountered Guyodo at Quisqueya University in Port-au-Prince. I had met him before, but this time, he seemed different. He was filled with anger. Because of the gang violence, he had lost his art studio in Granri. He not only suffered a financial setback, but also lost the place that sparked his creativity, leading to the creation of stunning works of art. That gave him a feeling of disgust. From October 22 to 26, 2024, the Virtual Museum of the Haitian Revolution (VMHR) held a training seminar in partnership with the Cultural Conservation Center at Quisqueya University (CCC-UniQ). The seminar gathered 20 artists from Port-au-Prince who had been victims of insecurity. It provided an opportunity to listen to their stories and discuss their experiences, which helped us better understand their situation. The objective was to identify the actions that we could take to protect the artwork and improve the living conditions of artists. After the training seminar, with the support of ALIPH (https://www.aliph-foundation.org), we helped the artists to relocate endangered artworks. We provided them with resources so they can keep creating. These included paints, paintbrushes, canvas, pliers, drills, batteries, metal sheets, and air compressors. Guyodo was one of the artists who was determined to get back on his feet so he could continue to impart his knowledge to the children in his neighborhood. He told us bluntly that the modest assistance we could offer would not be enough to compensate for his losses. However, he appreciated it as a gesture of encouragement to get back to work. In fact, Guyodo has never stopped working. During the training seminar, he didn’t use the notebook we gave him to take notes. He spent most of his time drawing. He understood everything we explained, but he had an overwhelming desire to draw out the dancing images in his mind. One year later, I was very happy to see the poster announcing the opening of his exhibition. I had a conversation with him to express my congratulations. I also asked him to send me some photos of the paintings that will be displayed. When I inquired whether he had new paintings for this exhibition, he replied, “Everything is new.” He shared photos of these three paintings along with videos of many others. For those familiar with elements of Vodou visual culture, such as vèvè, bizango images, and representations of Legba or Bawon Samdi, these paintings are striking. They convey messages of hope and strength to overcome the fear of death and despair. The power and vibrations emanating from Guyodo’s paintings give them unparalleled originality. I sent him this message: “The paintings are powerful, Guyodo. What do these images represent?” Here is his reply. “For me, it’s just energy. An energy that is set free. Many people will see it for what it is. But some people told me that this painting depicts a particular spiritual entity or a particular object. I don’t go there. All I can see is a manifesting energy.” During the final session of the training seminar, Guyodo shared that he creates art because he wants Haiti to move forward. Through his latest creations, he conveys that his beloved Haiti still has the strength and energy to free itself from its current dire situation. Let’s go see the Guyodo exhibition! Olsen Jean-Julien, PhD December 10, 2025

The Haitian Revolution: One of the Most Important Events in World History

The Haitian Revolution (1791–1804) was a major turning point in human history. Unique in its kind, it marked the only slave revolt to result in the creation of a free and independent state led by former slaves. This event not only changed the destiny of Saint-Domingue, a prosperous French colony, but also shook the slave-based world order of the time. b~Background: A Colony of Gold and Blood~b In the 18th century, Saint-Domingue (present-day Haiti) was the richest colony in the Americas, thanks to the exploitation of sugar, coffee, and indigo. This wealth was based on the forced labor of over 500,000 African slaves, under the brutal domination of approximately 30,000 white settlers and a few thousand free people of color. Inspired by the ideals of the Enlightenment and the French Revolution of 1789, slaves, freedmen, and mulattoes, in turn, demanded liberty, equality, and fraternity. b~The Uprising of 1791: The Beginning of a Historic Struggle~b On the night of August 22-23, 1791, thousands of slaves rose up in the northern part of the colony. This uprising, orchestrated by leaders like Dutty Boukman, began a long, bloody, and determined war against the slave system. Among the major figures of this revolution were: Toussaint Louverture, a remarkable political and military strategist; Jean-Jacques Dessalines, who would lead the struggle until independence; Henri Christophe and Alexandre Pétion, who would also play crucial roles. b~The Abolition of Slavery and the Birth of Freedom~b In 1793, the French Republic abolished slavery in Saint-Domingue. But the peace was short-lived. Napoleon Bonaparte, seeking to restore colonial order, sent a powerful army to reimpose slavery. After fierce fighting, the Haitian revolutionaries won a decisive victory against the French troops. On January 1, 1804, Jean-Jacques Dessalines proclaimed Haiti’s independence, becoming the first free Black country in the world and the first post-colonial republic in history. b~A Global Impact~b The Haitian Revolution had a considerable impact: It accelerated the collapse of the slavery system in the Americas. It inspired other liberation movements in Latin America, Africa, and elsewhere. It shifted the global geopolitical balance, prompting Napoleon to sell Louisiana to the United States in 1803. It served as a symbol of resistance and dignity for oppressed peoples. b~Why does the Haitian Revolution remain so little known?~b Despite its historical importance, the Haitian Revolution often remains marginalized in historical narratives. This invisibility is due to a combination of racism, historical colonialism, and the fear that other oppressed peoples might draw inspiration from this victory. b~A Legacy to Celebrate~b The Haitian Revolution is not only a national victory; it is a heritage of humanity. It embodies courage, dignity, and resistance in the face of injustice. It is a powerful reminder that even the most oppressed can make history when they stand up for freedom.

HENRY CHRISTOPHE - DÉCLARATION DU 20 NOVEMBRE 1816

L’année 2025 marque le bicentenaire de la publication de l’ordonnance du 17 avril 1825 du Roi français Charles X (1824-1830). Il « reconnait » l’indépendance d’Haïti en échange de ce que les historiens ont appelé une double dette. En voici le texte. Voulant pourvoir à ce que réclame l’intérêt du commerce français, les malheurs des anciens colons de Saint-Domingue, et l’état précaire des habitants de cette île, nous avons ordonné ce qui suit : Art. 1. Les ports de la partie française de Saint-Domingue seront ouverts au commerce de toutes les nations. Les droits perçus dans ces ports, soit sur les navires, soit sur les marchandises, tant à l’entrée qu’à la sortie seront égaux et uniformes pour tous les pavillons, excepté le pavillon français, en faveur duquel les droits seraient réduits de moitié. Art. 2. Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la caisse générale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au trente-et-un décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinés à dédommager les anciens colons qui réclameront des indemnités. Art. 3. Nous concédons, à ces conditions, par la présente ordonnance aux habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue, l’indépendance pleine et entière de leur gouvernement. Cette ordonnance a été émise environ cinq ans après le décès d’Henry Christophe (8 octobre 1820). Madiou a écrit que cette ordonnance avait été rendue par Charles X de son autorité souveraine sans consulter le gouvernement haïtien. L’ordonnance devait être acceptée sans réserve, sinon la France aurait engagé des hostilités contre Haïti. (Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome VI, p. 448. Édition 1989.) Le 25 mars 2025, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME) a publié une note d’information consacrée à cette question. (« La double dette d’Haïti (1825-2025) – Une question actuelle » https://memoire-esclavage.org/double-dette-dhaiti.) Dans cette note, les auteurs caractérisent la dette comme un mécanisme de passage d’une colonisation par l’esclavage à une néo-colonisation économique. « L’ordonnance de 1825, en imposant en Haïti cette indemnité de 150 millions de francs-or pour obtenir la reconnaissance de son indépendance, marque le début d’un cycle de dépendance économique durable. » Dans cette déclaration, datée du 20 novembre 1816, le roi Henry Christophe a exprimé une vision différente. Il soutient que la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti devrait découler de relations diplomatiques fondées sur le respect des droits et des intérêts du peuple haïtien. Nous avons choisi les extraits suivants pour notre montage artistique. « Plein de confiance dans la justice de notre cause et de la légitimité de nos droits, et n’ayant point de secret à garder envers notre peuple, nos intérêts étant les mêmes et liés d’une manière indissoluble, nous nous sommes faits une impérieuse loi de traiter publiquement les affaires qui ont rapport à la liberté et à l’indépendance du peuple haytien. Nous n’avons pas seulement à travailler pour assurer l’existence, la liberté et l’indépendance de la génération actuelle. Mais il faut encore, que nous travaillons pour assurer la possession et la jouissance de ces biens précieux, aux générations qui viendront après nous. Et ce n’est que par nos constants efforts, notre sagesse et notre prudence que nous pourrons y parvenir. À CES CAUSES, nous avons déclaré et nous déclarons solennellement que : Nous ne traiterons avec le gouvernement français, que sur le même pied, de puissance à puissance, de souverain à souverain. Lorsque nous traiterons, nous ne consentirons à aucun traité quelconque, qui ne comprendrait la liberté et l’indépendance de la généralité des haytiens qui habitent les trois provinces du Royaume, connues sous la dénomination du Nord, de l’Ouest et du Sud, notre territoire, la cause du peuple haytien étant une et indivisible. Le pavillon français ne sera point admis dans aucun des ports du Royaume, ni aucun individu de cette nation, jusqu’à ce que l’indépendance d’Hayti soit définitivement reconnue par le gouvernement français. Nous remettons la justice de notre cause dans les mains de Dieu, qui punit toujours les injustes et les agresseurs. Nous soutiendrons la dignité de notre couronne, les droits et les intérêts du peuple haytien, et nous nous reposons avec confiance sur sa bravoure, son zèle et son amour pour la patrie, afin de nous seconder, de tous ses efforts, dans la défense de ses droits, de sa liberté et de son indépendance! Donné en notre Palais de Sans-Souci, le 20 Novembre 1816. » Nous publions sur le site du MVRH le document complet de la déclaration qui inclut aussi un ensemble de « pièces justificatives ».

The Haitian Revolution: Origins, Key Events, and Global Legacy

The Haitian Revolution (1791–1804) is one of the most powerful and influential liberation movements in world history. This slave revolution overthrew one of the most brutal colonial systems of the time to give birth to the world’s first independent Black republic: Haiti. Through its deep origins, landmark events, and enduring legacy, it continues to inspire struggles for freedom and equality. b~The Origins of the Haitian Revolution~b At the end of the 18th century, Saint-Domingue (now Haiti) was the most prosperous colony in the Caribbean, producing more than half of the sugar and coffee consumed in Europe. This wealth was based on the exploitation of more than 500,000 African slaves, working in inhumane conditions in the service of a white minority and a small elite of free people of color. Colonial society was profoundly unequal and violent. Three major elements fueled the flames of the revolt: The ideas of the Enlightenment and the principles of the French Revolution (1789): liberty, equality, and human rights. The racial injustices inflicted on free people of color, some of whom were wealthy but deprived of political rights. The system of slavery, based on terror and humiliation, against which enslaved Africans never ceased to resist, flee, or organize. b~Key Events of the Haitian Revolution~b 1. The August 1791 Uprising On the night of August 22-23, 1791, a massive slave uprising broke out in the north of the colony. Led by spiritual leaders like Dutty Boukman, this uprising marked the beginning of the Haitian Revolution. Plantations were burned, settlers were killed, and a climate of war took hold in the colony. 2. The Emergence of Toussaint Louverture A former slave turned brilliant strategist, Toussaint Louverture became a central figure in the revolution. He organized Black armies, negotiated with foreign powers, and succeeded in having slavery abolished by the French Republic in 1794. As governor of the colony, he established an autonomous government and drafted a constitution in 1801. 3. The Return of Napoleonic Ambitions In 1802, Napoleon Bonaparte sent an army to regain control of the colony and reestablish slavery. A fierce war ensued. Toussaint was captured and deported to France, where he died in prison in 1803. 4. Victory and Independence Under the leadership of Jean-Jacques Dessalines, the revolutionaries won a decisive victory against French troops at Vertières in November 1803. On January 1, 1804, Dessalines proclaimed the independence of the new nation: Haiti. b~A Global Legacy~b 1. First Black Republic Haiti became the first free nation founded by former slaves. This was a unique historical precedent in world history. 2. A Blow to Slavery Worldwide The Haitian victory inspired oppressed peoples in the Americas, particularly in the Caribbean, the United States, and Latin America. It also accelerated the decline of the slave system, although this struggle would continue throughout the 19th century. 3. A Symbol of Freedom~b Haiti has become a symbol of dignity and resistance for colonized peoples around the world. Its example shows that freedom can triumph, even against the strongest powers. b~Why is the Haitian Revolution still too little known?~b Despite its universal significance, the Haitian Revolution remains little taught and often minimized in historical accounts. This silence can be explained by geopolitical, racial, and economic reasons. Yet, its importance is comparable to that of the French Revolution or the American War of Independence. b~A Living Memory~b The Haitian Revolution is not only a national story, but a lesson for humanity. It embodies the capacity of peoples to free themselves from oppression and build a future based on justice and freedom. By celebrating this revolution, we honor not only Haiti, but also the universal struggle for human rights.

How the Haitian Revolution Changed the History of Slavery Worldwide

The Haitian Revolution (1791–1804) was not just a national event. It was a global earthquake, upending the slave system in the Americas and Europe. For the first time in history, slaves rose up, defeated one of the greatest colonial powers, and founded a free and independent republic. This revolution profoundly transformed the world’s view of slavery, freedom, and human rights. b~A World Dominated by Slavery~b On the eve of the Haitian Revolution, slavery was at the heart of the global economy. Millions of Africans were deported to the Americas to work on sugar, cotton, coffee, and tobacco plantations. This cruel system was justified by racist doctrines and protected by the greatest European powers. The colony of Saint-Domingue (now Haiti) was one of the pillars of this system. With over 500,000 slaves and a colossal production of wealth, it was the most profitable of the French colonies. But beneath this wealth lay extreme violence, unspeakable suffering, and a fierce desire for freedom. b~The Haitian Revolution: A Historic Shock~b In 1791, the slaves of Saint-Domingue rose up, kicking off an unprecedented revolution. Led by figures such as Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, and Henri Christophe, this war of independence led to the abolition of slavery in the colony, and then to the birth of Haiti in 1804, the first free Black republic. It was the first time in history that an enslaved people overthrew their oppressors and founded a free state. A clear message was sent to the world: slaves were not objects, but men capable of organizing, fighting, and governing. b~The Direct Impact on the History of Slavery~b 1. An Inspiration for Other Oppressed Peoples The victory of the Haitian slaves inspired numerous revolts in the Caribbean, the United States, and Latin America. Slaves and abolitionists saw Haiti as living proof that emancipation was possible. 2. An Accelerator of the Abolitionist Movement The fear of similar revolts pushed several powers to reconsider slavery. In Great Britain, France, and elsewhere, abolitionist movements gained strength. Great Britain abolished the slave trade in 1807, then slavery in 1833. France, after several back-and-forths, definitively abolished slavery in 1848. The United States, influenced by the Haitian example, finally abolished slavery in 1865. 3. An Ideological Break The Haitian Revolution exposed the hypocrisy of the Enlightenment: while Europe spoke of freedom and human rights, it continued to practice slavery. Haiti embodies the real-life implementation of these universal ideals, by the most marginalized. b~Resistance to the Haitian Heritage~b Despite its influence, Haiti was diplomatically isolated. Slave-owning powers feared that the Haitian example would inspire others to emulate it. The United States, France, and other nations refused to recognize Haiti’s independence for years. Worse still, in 1825, France imposed a colossal debt on Haiti in exchange for recognition of its independence. This rejection was intended to symbolically stifle Haitian heritage, but the facts remain: Haiti paved the way for the end of slavery in the modern world. b~A Revolution Too Often Forgotten~b Even today, the Haitian Revolution is rarely taught in history books, even though it disrupted the world order. This silence can be explained by political, racial, and ideological reasons. But in the memories of struggling peoples, Haiti is a beacon of courage and liberation. b~Haiti, Cradle of Black Freedom~b The Haitian Revolution forever changed the place of Black people in the world. It proved that history could be written by those believed to be condemned to servitude. By breaking the chains, Haiti has opened the way to a world where freedom is no longer a privilege, but a universal right.